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Critique de Sando


George Madruger, professeur de lettres américain, a quitté les Etats-Unis pour venir s'installer avec sa famille dans une ferme perdue dans la campagne anglaise, patrie de sa femme, le temps de terminer l'écriture de son livre. Homme jovial et optimiste, son enthousiasme est très vite rincé par l'accueil hostile que lui réservent les gens du coin, principalement des fermiers et des ouvriers pétris de préjugés, qui n'ont jamais quitté leurs terres et fréquentent avec assiduité le bar, se méfiant de tout ce qui est étranger… Comme si cela ne suffisait pas, son couple bat de l'aile et, si cet homme paisible fait tout pour apaiser les tensions, sa femme, quant à elle, cherche en permanence le conflit.
Ce fragile équilibre va être mis à mal un soir de décembre, lorsque suite à un accident, un criminel, violeur et tueur d'enfants que l'on ramenait à l'asile, trouve refuge chez les Madruger. Parallèlement à cela, une jeune fille est portée disparue dans la tempête de neige qui fait rage, bloquant les routes et empêchant l'arrivée des forces de l'ordre... Cinq habitants du coin, largement éméchés, ont vite fait de tirer des conclusions et décident de se rendre à la ferme pour faire justice eux-mêmes et gare à celui qui se mettra sur leur chemin…

J'avais déjà pris une claque, il y a quelques années, en regardant l'adaptation cinématographique des “Chiens de paille” avec l'excellent Dustin Hoffman dans le rôle de l'américain bien pensant et je découvre aujourd'hui que cette sombre histoire est tirée d'un roman! Voyant que les éditions Denoël venaient d'en publier une traduction française, je ne pouvais donc pas résister à l'envie de me plonger dans la version romanesque… Comment un homme civilisé, profondément pacifiste et engagé dans la lutte contre la peine de mort, peut-il se transformer en bête sauvage, capable de violence, voire de tuer? A-t-on tous en nous cet instinct primaire capable de s'éveiller lorsque l'on se sent acculé ou en danger et comment se manifeste-t-il? “Les chiens de paille”, avec son cheminement implacable, semble vouloir répondre à cette question…

Si l'intrigue diffère quelque peu entre les deux versions, on retrouve néanmoins cette atmosphère lourde et pesante, pleine d'une tension croissante qui se manifeste par une surenchère de violence. le rythme, plutôt lent au début afin de permettre au décor de se mettre en place, s'accélère, happant ses personnages, tout comme son lecteur, dans un engrenage qui échappe à tout contrôle. Gordon Williams dresse un portrait terrifiant de la nature humaine tant il semble lucide… L'écriture est vive, précise, sans fioritures mais néanmoins très immersive. On a l'impression d'y être, de ressentir le froid glacial du dehors, de sentir la haine et la peur des protagonistes. Une lecture haletante, qui nous prend en otage et nous entraîne dans un tourbillon de folie qui nous laisse sonné et pantelant. Une réussite pour ma part!
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