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Critique de Meps


Meps
16 septembre 2022
Après avoir passé une partie de ma jeunesse à lire les comics de super-héros et après avoir il y a une dizaine d'années, beaucoup relu d'intégrales de leurs aventures (X-Men, Spiderman... quelle riche idée d'éditeurs que ces tomes qui regroupent une année de publications sur ces héros, de beaux objets remplis de souvenirs !), je me sens attiré par les projets comics un peu plus à la marge, cherchant à s'éloigner de l'histoire classique de super-héros. Après avoir découvert notamment Birthright (qu'il faut vraiment que je continue) et dans un tout autre genre Preacher, me voici donc face à une autre réussite originale: Fables.

Modestement, avec un groupe d'enfants que j'accompagnais au théâtre, nous avions écrit il y a bien 15-20 ans une petite pièce sur des héros qui devaient pointer à l'ANPE (à l'époque...) parce que les fins de mois étaient difficiles. Il y avait un mélange de Zorro, Blanche-Neige... J'ai donc été amuse de trouver une idée ressemblante, avec beaucoup plus de maitrise et de persévérance dans la narration, dans ces pages de Bill Willingham. L'idée "Mais que leur arrive-t-il après qu'ils aient eu beaucoup d'enfants et vivent-ils réellement si heureux ?" doit vraiment tarauder beaucoup d'enfants élevés comme nous à ces grands contes de fées.

Évidemment, il est jouissif que cela parte en cou....e et on a apparemment tous besoin de déconstruire nos mythes. Ici, l'univers est rationalisé, les héros ayant du fuir leur monde envahi par un Adversaire et s'étant alors réfugié dans notre monde où ils cherchent à être discrets et à se fondre dans la masse. Les héros sont donc modernisés mais on parvient à retrouver certains éléments qui nous permettent de les relier aux stars de nos histoires d'enfance. La plupart sont très réussis, j'ai eu plus de mal avec le Barbe Bleu chauve et uniquement nanti d'un petit bouc, même si on comprend sa volonté de se fondre dans le décor.

La narration est vraiment menée de façon très intéressante, avec des arcs narratifs sur plusieurs histoires, inspirés pour certains de grands récits comme La ferme des animaux ou Sa majesté des mouches, les titres reprenant directement les références littéraires. La violence est omniprésente et désacralise totalement l'univers, assumant le côté bande dessinée réservée pour adultes avec des références enfantines. L'humour est également savoureux, jouant avec les codes et l'ironie sans tomber dans trop de vulgarité... (encore que, ce Pinocchio qui enrage d'être resté un enfant et étale sa frustration sexuelle... mais qu'est-ce que c'est drôle !).

Graphiquement c'est très joli, avec une narration menée assez classiquement au début, puis s'agrémentant de très jolies illustrations en pleine page et évoluant vers la fin du tome avec des arrangements de case très originaux (en forme de blason, d'avion, en cercles concentriques, avec un fonds "forestier"). La lecture est parfois gêné par ces créations mais on parvient à reprendre le fil et on profite surtout d'un effet magnifique. La présence de 4 illustrateurs différents travaillant avec le scénariste principal expliquent sans doute ces différences de traitement mais la charte graphique globale est totalement respectée et l'histoire ne perd pas en cohérence.

Le maintien de l'histoire de fond à travers tous les arc narratifs garantit le suspense et donne envie de lire la suite. Méfiance de mon côté à ne pas trop multiplier ces expériences et objectif fixé de tenter d'aller au bout de ces trois découvertes, bien différentes mais riches de cette volonté des scénaristes de s'affranchir du carcan trop étroit des histoires de super-héros "classiques" que je ne renie pas et auxquelles je reviens avec plaisir, mais à qui je suis ravi d'être parfois infidèle pour explorer d'autres propositions.
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