Quinn leva les yeux au ciel.
- Tu veux pas la fermer un peu et me dire ce que je dois faire ?
- Tu sais que c'est physiquement impossible, n'est ce pas? De la fermer en même temps que te dire quoi faire...
Comment lui expliquer que, bien souvent, quand elle fermait les yeux elle redevenait cette gamine perdue, effrayée, qui redoutait de disparaître s'il n'était pas là pour la regarder?
Elle n'avait pourtant jamais été du genre à se laisser attendrir par ce genre de techniques de dragues...
Sauf que dès que Quinn posait les yeux sur elle, dès qu'il l'effleurait, dès qu'il l'embrassait, tout devenait complètement fou et réel à la fois.
Désormais, ils avançaient, tous deux, sous une bonne étoile.
Tout avait commencé avec Quinn Bradford. Et tout se terminerait à ses côtés.
- Moi ça ne m'aurait pas gêné, commenta Jared avec un sourire charmeur.
- Mouai! moi je pense que ça aurait surtout gêné Quinn, ajouta Ryder.
- Donc, il aurait dû lui laisser ses habits...
- Mais de quel côté est ce que tu es? s'agaça Quinn en fusillant le guitariste du regard.
- Du côté de ta copine, c'est clair, fit Jared en ôtant son tee-shirt pour le donner à Elise. Tiens, ma jolie, ça devrait être plus confortable qu'un rideau...
- Merci Jared. C'est très gentil, murmura-t-elle en saisissant le vêtement encore plus ample que ceux de Quinn.
En quittant la cuisine pour aller se changer, elle entendit Quinn persifler:
- Franchement, les gars, vous me cassez mon coup, j'essayais juste de lui donner une leçon.
- Mec, j'ai vue ce qu'elle t'a fait hier. A ta place, je ne chercherais pas à lui donner envie de se venger encore une fois...
- Il n'a pas tort, nota Ryder. Je crois que je vais aller lui prêter mon pantalon.
Fais semblant d'y arriver jusqu'à y arriver vraiment !
Des poissons rouges nageaient dans sa baignoire.
Poissons rouges.
Dans sa baignoire.
Poissons rouges.
DANS… SA… BAIGNOIRE. (...)
Cela dit, Elise n’avait besoin d’aucune aide pour démasquer le coupable. De toute façon, pensa-t-elle en contemplant la vingtaine de poissons qui nageaient dans la baignoire, je sais exactement qui s’est faufilé dans ma chambre d’hôtel pour me faire une de ces crasses dont lui seul a le secret. Ce crétin de Quinn Bradford. (...) Car ce n’était pas comme si elle ne l’avait pas vu venir, ce canular. Elle-même s’était déjà glissée dans la chambre d’hôtel de Quinn, à Bruxelles, pour bloquer les braguettes de toute sa réserve de caleçons avec deux points de couture. Pas un ne lui avait échappé.
Elle se sentait enfin à sa place. Elle avait enfin le droit d'être aimée pour ce qu'elle était.
Mais, en posant les yeux sur le plâtre pour la première fois après l’avoir extirpé des manches de son pyjama, elle manqua de s’étrangler. Horrifiée, elle écarquilla les yeux, et son problème de shampoing lui parut soudain très, mais alors très secondaire. Comment Quinn avait-il osé?
Il avait dessiné des sexes masculins sur le plâtre. Une armée de sexes. Des gros, des petits. Certains en érection, d’autres pas, certains très détaillés, d’autres plus abstraits ou fantaisistes… Il y en avait pour tous les goûts et de toutes les couleurs: des rouges, des verts, des violets, des noirs, des bleus, des oranges; certains arboraient même toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Le salaud ! Il avait osé transformer son plâtre, cet attirail censé protéger sa blessure, en publicité ambulante pour vibromasseurs fantaisie. Elle allait le tuer.