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Critique de Skorpionnan


Lecture:

katherine vit en Nouvelle-Zélande en ce début de XX ième siècle. L'époque est celle de l'apparition de l'automobile et de la lutte des femmes pour leurs droits fondamentaux. L'époque est aussi celle de l'immigration chinoise dans ce pays austral qui reste foncièrement britannique mais devient une terre d'opportunités en cours d'émancipation.

Je n'en parlerai pas plus, je trouve que le quatrième de couverture dévoile déjà une trop large part de l'histoire.

Avis:

Mais ce n'est pas l'histoire qui est réellement primordiale dans ce livre, c'est cette femme et ce qu'elle vit.

Les faits ne sont là que pour borner le contexte historique et personnel, poser un monde essentiellement masculin et même machiste. La société semble tendue, en attente d'un événement qui viendrait remettre les choses en place ou au contraire éclater les vieilles barrières. Une tension palpable s'inscrit dans le roman même s'il ne s'agit surtout pas d'un thriller.

Femme soumise à un mari réactionnaire, veuve perdue à défaut d'éperdue, mère seule assumée et assurée, amante incrédule de son bonheur mais toujours dans sa gangue sociale, Katherine est une femme d'une intelligence et d'une sensibilité supérieures. Dans son monde, l'intelligence est presqu'une malédiction pour une femme de sa condition. Si elle demeurait aveugle, elle ne verrait rien. Heureusement, l'avenir peut s'avérer plus radieux, comme sa fille, comme Mrs Newman, "scandaleuse" femme médecin, ou rétrograde, comme son fils, comme Lionel Terry, "Gentleman" raciste et assassin.
L'auteur a un don particulier pour nous exposer cette femme. Que ce soient son impuissance, son fatalisme, ses espoirs sa surprise devant le bonheur, ou son malheur, on y adhère parfaitement.
Le personnage de M Wong est également particulièrement bien dépeint. Homme déraciné, pétri de devoirs et de traditions, mais en même temps révolutionnaire n'hésitant pas à tout braver pour suivre son coeur. Les déplacements de l'histoire en Chine permettent de percevoir les habitudes et motivations qui l'habitent, le choc de la confrontation avec cette société néo-zélandaise qu'il ne comprend pas, qu'il ne décode souvent même pas.
L'auteur de par ses origines métissées arrive parfaitement à nous faire basculer d'une vision du monde à l'autre.

Le roman alterne les longueurs différentes de chapitres. Les chapitres plus longs content les événements importants et distillent l'atmosphère générale du roman; ceux plus courts mettent en lumière des instants caractéristiques de l'humeur des personnages. Petits textes sans réel rapport direct entre eux, anecdotes ou considérations personnelles, ils dessinent doucement la carte du coeur des protagonistes.
Le style de l'auteur est assez protéiforme selon le sujet auquel se rattache le passage: Katherine intelligente mais peu cultivée, M Wong lettré et poète, la ville tendue et impatiente, ou les enfants curieux, vifs, tristes, inquiets. Ce style reste toujours fluide et opportun.

Il faut accorder à ce roman l'attention qu'il mérite. Commencé un peu à la va-vite par petites tranches que semblaient demander les courts chapitres, je me suis vite rendu compte de ce que cela avait d'insatisfaisant et que je passais à côté. Je me suis quelque peu emmêlé à reconnaître les Terry, Billy, Eddie, Wally et autres qui n'ont en fait que peu d'importance.
Posé, au calme, avec quelques heures de lecture sereine devant moi, je me suis enfin laissé lier par sa poésie et sa tendresse. Il m'a beaucoup touché, petites larmes y comprises. Les images disparates ont formé un vrai paysage, un superbe tableau, un portrait.

Conclusion:

Un vrai plaisir de lecture, un roman tendre et humain pour peu qu'on lui laisse la place de s'épanouir.

Ma note : 16/20
Lien : http://www.atelierdantec.com..
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