Le formidable essai critique des
Wu Ming sur la nouvelle littérature italienne...
Le formidable essai des
Wu Ming, paru en 2007 et revu plusieurs fois depuis, disponible gratuitement en CC sur leur site (http://www.wumingfoundation.com/index.htm), qui débat des points communs et du type de littérature qu'apportent les
Wu Ming,
Evangelisti, Genna, Lucarelli, Camilleri, de Cataldo, et d'autres... Passionnant !
"En Occident, après la chute du Mur et la première guerre du Golfe, beaucoup (des commentateurs surtout) parlaient d'un "nouvel ordre mondial". Ordre, clarté. La Guerre Froide achevée, la démocratie victorieuse et certains allèrent jusqu'à annoncer la fin de l'Histoire. L'Homo Liberalis était le modèle définitif de l'être humain.
Il s'agissait, en égale mesure, d'une propagande vulgaire, d'une hallucination collective et d'une folie des grandeurs. Les années quatre-vingt-dix ne furent pas seulement "la décennie la plus avide de l'histoire" (selon la définition de
Joseph Stiglitz), mais aussi la plus naïve, mégalomane, auto-indulgente et baroque. La célébration tapageuse du pouvoir et du "style de vie occidental" atteignit des niveaux jusque là jamais égalés, de quoi faire pâlir les fêtes de Versailles durant l'Ancien Régime.
Art et Littérature n'eurent pas besoin de monter sur le wagon de
l'auto-complaisance, car ils y étaient déjà installés depuis un bon moment, mais ils eurent de nouveaux encouragements pour se prélasser dans l'illusion, ou peut-être dans la résignation. Rien de nouveau ne pouvait avoir lieu sur terre, et beaucoup eurent la conviction que la seule chose à faire était de se réchauffer au doux soleil de l'existant. Conséquence : orgie de citations, clins d'oeil, parodies, pastiches, remakes, revivals ironiques, trash, détachement, postmodernismes à
deux sous."