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Critique de Ortie27


La nouvelle est parue à Taïwan en 1993 et en France en mai 2023.

Un homme de 41 ans, fils, d'une mère morte 19 ans auparavant, cloué au lit, apathique, sortant de plusieurs années passées en maison de repos, malade, ramolli par les calmants, misanthrope, va à la succession de plusieurs rêves dans lesquels apparaît sa mère, grâce à son amour pour elle, sortir de sa léthargie, prendre part à un certain mouvement de la vie, se relier à ses deux frères, sa femme, son ex petite amie.

Sortir plus souvent de son lit, se nourrir (de pieds de porc aux vermicelles ce met réputé à Taïwan pour éloigner les mauvaises influences, et la longévité).

Il lit Osho, qui est comme son double. OSHO qui dit des défunts qu'ils sont entrés dans l'illimité, qu'ils appartiennent à une sorte de qualité intemporelle. 

Il y a ses rêves où sa mère apparaît qui peuvent sembler délirants, lui va les interpréter, notamment "le rêve du 6ème oncle" où sa mère est recouverte de terre. L'oncle en question dit au héros :  "Tâche de lui trouver une solution, à ta maman, pour qu'elle s'en sorte."

Quelle obstination pour exhumer le corps de sa mère afin de faire le shigu … on le verra recueillir d'abord les fonds pour enfin recueillir ses ossements.

Cette période dans laquelle il sera dans la compassion, dans l'action lui permettra, de revenir à lui-même, de se reconnecter à la vie, de se décentrer de ses délires ? … Ce projet guidé par l'amour qui pourrait paraître à certaines personnes, morbide va le sauver lui qui sombré dans le vide.

Cette nouvelle de 66 pages décrit l'explosion des sens d'un homme qui ne ressentait plus rien dans la réalité, c'est une renaissance grâce à sa défunte mère… paradoxalement . 

Est-ce sa mort qui l'avait fait sombrer dans la folie ? On l'ignore.

La traduction de l'écriture de Wuhe est sans tabou, de poétique jusqu'à cru et bien d'autres nuances. Authentique !

La nouvelle est découpée en 30 chapitres où vogue le héros, entre le rêve, l'action, les souvenirs de sa mère, le rituel de bonne santé qu'elle pratiquait, Osho et son appropriation par le héros etc…

Cette nouvelle m'a beaucoup plu, la mort d'une mère est un sujet qui me parle beaucoup depuis longtemps et Wuhe le raconte d'une manière très originale qui peut-être ne plaira pas à tout le monde. Moi j'ai vraiment adoré. 

Ceux qui se laisseront tenter auront eu l'impression de vivre une expérience hors du temps, dépaysante car l'atmosphère de Taïwan est présente, et les interactions authentiques et les sensations et émotions profondes.

"Osho a épluché de l'ail, nous nous jetons de l'espace entre les buildings qui surplombent notre vallon, et nous élançons vers peu importe quel lointain. "

Un autre livre de Wuhe a été traduit en France : Les survivants, est-ce que vous l'avez-lu ?

Autre extrait:

"(...) personne ne dit un mot ni ne questionne, mais tout le monde s'étonne: même les morceaux de cercueil ont pourri, voilà qui répond vraiment à cette phrase des anciens, «tout sera réduit en poussière». Pour soulager mes yeux, si concentrés qu'ils me brûlent, j'observe au loin les rayons du soleil qui se brisent sur l'eau profonde de la rivière - serait-ce que notre mère, lassée d'attendre, a déménagé?"

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