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Critique de PaulMartin


Premiers éléments de programme de la secrétaire d'État chargée des Sports qui, à 33 ans, prépare sans doute déjà sa candidature à la présidentielle de 2017.

Elle se présente comme « issue d'une banlieue rouge », omettant de préciser qu'elle est d'un milieu cultivé et aisé avec une mère professeur de lettres et un père diplomate, ex-bras droit du président Senghor.
Mais son parcours reste méritant et ses anecdotes doivent nous faire réfléchir. Bien qu'issue d'une famille musulmane, sa mère veut qu'elle échappe à l'école publique et l'envoie dans une école chrétienne. En 1987 à 11 ans, quand elle quitte son école catholique du Sénégal pour intégrer une école – pourtant catholique – à Colombes, elle constate que le niveau scolaire de ses camarades est inférieur au sien (!) le niveau était-il déjà aussi bas ? Et quelle aurait été sa déconvenue si elle avait rejoint l'école publique ?
Elle fera une prépa littéraire, puis Sciences Po.

Rama Yade parle franchement aux jeunes, elle leur parle sélection, goût de l'effort, subjonctif imparfait, autorité, uniformes pour les élèves et estrades pour les profs, et même remigration, avec des chiffres... On est loin des mamours de Taubira dans ses « Murmures à la jeunesse » qui ne proposent que la poésie pour redonner espoir, et c'est tant mieux.

A l'instar de Kémi Séba, et à l'inverse de Rokhaya Diallo qui n'y pense même pas, Rama Yade ouvre une porte de sortie à la jeunesse : « L'exil pour seule perspective. Aller là où votre nom, (…) votre couleur ne vous disqualifient pas : le départ à Londres, aux Emirats Arabes unis, en Chine, aux Etats-Unis, vous redonne de l'air. » (p.26)
Et contrairement aux indigénistes, elle a l'honnêteté de reconnaître que « la précarité peut aussi être blonde aux yeux bleus » et « exaspérée vis-à-vis des jeunes des banlieues violentes ».

Elle rappelle que « nous dépensons plus que nos voisins pour l'Education nationale ». Selon elle, la baisse dramatique du niveau serait due au seul collège unique. L'évidence invite pourtant à se demander si elle n'est pas au moins due au nombre grandissant d'élèves d'origine étrangère.

Prenant sans doute ses désirs pour la réalité elle ose même écrire, l'air de rien, « la France des origines continue à percer sous la France de la diversité. » La souche déjà recouverte par les branches ? La majorité déjà dominée par les minorités ? le peuple historique relégué par les vagues récentes ? Cela ressemble à une des définitions du grand remplacement. Bel aveu.

Prônant intégration et vivre-ensemble, elle ne prend même pas soin de signaler que la première n'est possible qu'avec le petit nombre et que le second est refusé par la majorité.
Rama Yade a de belles idées, mais elle voit les principes et pas les volumes ; la qualité et pas la quantité. Son programme s'applique avec 5% de diversité, sûrement pas avec 25%.
Cette hémiplégie généralisée des discours politiques contribue à leur discrédit, mais dire les choses dans leur entièreté ferait le jeu de qui vous savez…

Etoile filante de la politique, à son zénith en 2007, elle sombrera progressivement dans le discrédit jusqu'à devenir une icône woke 14 ans plus tard.
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