8.
Les chemins dorment-ils en notre absence
ou luttent-ils pour ne pas s’effacer
rêvent-ils d’autres croisements
des vertiges de paysages renversés
de virages obliques
de toute cette folie de tangentes
ou creusent-ils seulement
la direction vers leur vérité
elle questionne et le dieu qui pense en paradoxes
soulève le vent de sa réponse
puissant désordre sans cœur et sans borne
grande force éprise de dispersion
3.
Atteindre ce qu’elle n’a pas cherché
pour aussitôt le perdre ne l’ayant jamais tenu
laisser une partie d’elle s’échapper
un petit bout d’être qu’elle n’aurait jamais vu
s’en aller aux mots distants
dans leur éloignement s’allonger
tant boire le ciel dans le fond du puits
qu’écrire à contre-sens
ou peut-être ne plus rien dire
et s’évanouir de silence
poser près de la fenêtre une page blanche
y mourir de sommeil et renaître
en rêve aux ailes de papier battantes
pour exister enfin dans l’exil
une vie transportée
la traversière des anges
10.
Elle reste fidèle au mouvement qui la précède
la libère de son image
l’entraîne la déporte
la dérobe aux vieilles trajectoires
pour la laisser déborder d’elle-même
réassigner l’espace au chaos des origines
inachevable loi
poursuivie sans faillir
cette parenthèse qu’elle s’interdit de fermer
comment survivra-t-elle à sa victoire