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Critique de Catilina38


Pour rassurer tout le monde, cet ultime (et épais) volume est probablement l'un des meilleurs de la Guerre des Sambre. Non qu'il soit parfait, les graphismes très inégaux sur l'ensemble des 80 pages (un double album...) n'étant pas toujours à la hauteur de la qualité de Sambre. Il semble que les deux auteurs aient eu du mal à organiser cette histoire entre les trois albums et aient été contraints de grossir le dernier tome après un retard à l'allumage, les deux premiers volumes s'étant un peu trop étendus sur la jeunesse tourmentée de Maxime. Boidin qui avait remarquablement collé à l'esprit général de la saga sur le deuxième Cycle, donne une partition mi figue mi raisin, certains visages étant vraiment grossiers avec des effets de crayonné dont il a coutume mais qu'il avait abandonné sur Werner & Charlotte et qui ne collent pas avec la "ligne" Sambre. D'autres cases sont remarquables de composition, d'expression. Certains décors sont vraiment vides et plats quand d'autres sont très puissants d'évocation de la Terreur révolutionnaire... Personnellement j'ai le sentiment que Boidin a eu du mal à produire la quantité astronomique de cases demandées par un scénario extrêmement verbeux et découpé en petites images...

Si la partition graphique reste donc loin de ce qui a été fait sur les autres cycles, la conclusion dramatique de la série atteinte en revanche une maîtrise à la fois littéraire, thématique et passionnelle de très grande qualité. Ce qui m'avait lassé sur les deux premiers tomes c'était l'insistance un peu lourde sur le traitement fait à Maxime, le sadisme permanent, l'absence totale de lumière et de personnage positif auquel se raccrocher. Au commencement de ce troisième volume la situation est installée et l'on peut entrer dans le coeur du sujet (qui nous intéresse): la période révolutionnaire et comment dans cette tourmente historique un orphelin issu d'une noblesse tardive va épouser la grande vague de l'Histoire et fabriquer la génération bourgeoise que nous connaissons dans la série mère. C'est donc bien le moment qui est passionnant et Yslaire fait le choix un peu perturbant d'utiliser la femme de haute lignée de Maxime comme narratrice, nous laissant tout au long du volume lire une description toute orientée (version noblesse revancharde) de la Révolution. L'auteur adopte t-il ce pointe de vue? Rien ne permet de le savoir mais si les abus de la Terreur peuvent être condamnés par tous, le point de vue pro-noblesse est sommes toutes assez perturbant. Il permet néanmoins de comprendre l'attitude d'anguille de Maxime, dont l'unique raison d'être est son ambition et sa propre survie. Nous l'avions déjà vu dans Hugo & Iris, ce personnage est très certainement le plus détestable de l'ensemble de la série! Yslaire ne permet absolument aucune compassion pour ce personnage, ce qui rend là encore la lecture à la fois complexe et éreintante. Et si Constance est la harpie manipulatrice présente dans chacun des albums Sambre, Etienne, le jeune et innocent fils de Maxime  et Josepha, sa soeur, donnent une lueur de naïveté et d'idéalisme qui corrigent la noirceur du scénario.

L'oeuvre de l'auteur belge atteint avec cet ouvrage, (je pense le plus ambigu) une ambition rarement vue en BD, comme pyramidion un peu bancal mais qui structure l'ensemble de la saga. En raccrochant Sambre au basculement révolutionnaire, il brise un peu la structure familiale qui organise ses récits mais s'appuie sur un bouleversement absolu, ressenti par chaque être au quotidien, pour hisser plus haut que jamais la saga des Sambre.

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