AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Piatka


72 pages seulement, mais incandescentes où deux voix se mêlent à la première personne, la voix précise et poétique presque du père, et la voix révoltée au " langage jeun's " de sa fille Adama, rescapés tous deux d'un charnier, quinze ans auparavant, quelque part, sans que nous sachions où.

L'essentiel du récit est sobrement tissé par le père. Avec des mots choisis, précis, il cherche rétrospectivement à comprendre pourquoi et comment.
Pourquoi sa fille chérie pour laquelle il a tout donné a un jour incendié les boîtes aux lettres d'un immeuble, semant gratuitement la mort à son tour, et comment en sont-ils arrivés là, après tant d'errance et de souffrance, lui qui croyait avoir déjà connu l'indicible, atteint l'horreur ultime dans son propre pays. Feu pour feu ?

Il se remémore leur histoire, ce père aimant, sans aucun reproche, aucune animosité envers sa fille désormais criminelle.
Tout commence au milieu des cadavres, par un corps à corps, " un peau à peau ", le père qui arrache sa fille de quelques jours à la mort, après le massacre.
Puis, c'est la fuite, l'errance interminable, l'épuisement, la désolation, la survie coûte que coûte pour sa fille. le Continent blanc, les villes, les campements provisoires, la cité. Un parcours hors du commun, prenant.

Au texte admirable d'introspection tout en retenue du père, s'ajoutent éparses les remarques en italiques de sa fille, violentes et réalistes bribes de la vie de la cité : le contraste entre la lutte absolue pour s'intégrer et la révolte de la déracinée marginale, le questionnement et évidemment l'incompréhension d'un père qui constate impuissant la perte de sa fille alors qu'il a tout donné.

C'est un récit beau, fort, cinq étoiles sans hésitation.
Heureusement que le mot roman est écrit sous le titre, j'ai eu l'impression de découvrir un témoignage, le témoignage d'un homme qui marche, qui avance courageusement, brindille indestructible et volontaire à l'image de la statuette d'Alberto Giacometti, si judicieusement reproduite en miniature sur la couverture du livre.
Commenter  J’apprécie          490



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}