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Critique de SebastienFritsch


Ce roman a sans doute souffert de la comparaison que je n'ai pu m'empêcher de faire avec mes deux précédentes lectures d'autrices afghanes.
Visage volé, de Latifa, raconte l'arrivée des Talibans à Kaboul en 1996 ; le Pianiste afghan ne fait que l'effleurer. La Plaine de Caïn, de Spôjmaï Zariâb, nous plonge dans des mondes sombres et souvent sans issue, allégories de son pays, soumis sans discontinuer à des invasions, des guerres, des renversements de régime, des bouleversements des modes de vie et, de manière récurrente, à l'effacement des droits acquis par les femmes. le Pianiste afghan prend beaucoup de distance par rapport à tout cela.
Bien sûr cet "autoroman" comme il est présenté, débute quand la narratrice n'est qu'une enfant et il est donc normal qu'elle ne comprenne pas les problèmes des adultes et notamment la haine de ses parents pour les russes. Elle, elle les trouvent beaux, ces soldats en uniforme qui quadrillent la ville et elle aime beaucoup sa prof de piano, prénommée Olga. Mais en lisant les pensées prêtées à cette petite, j'ai trouvé que le ton sonnait parfois faux : trop "innocente" la plupart du temps, la narratrice a de temps à autre des sursauts de lucidité qui ne collent pas au personnage.
La deuxième partie, située en France, m'a semblé plus intéressante. le style est plus régulier et plus adapté et l'autrice rend de manière touchante et crédible le sentiment de l'écolière afghane en exil dans un pays dont elle ne connaît pas le premier mot, au milieu d'autres enfants qui lui font cruellement sentir sa différence.
La suite, l'adolescence, l'acclimatation à son pays d'accueil, les amourettes et les histoires entre copines, retombe dans la platitude et la banalité. Mais là encore, une idée, perdue dans ce scénario sans saveur, redonne un peu de force au récit : le rapport à la langue maternelle et à celle du pays d'accueil. J'ai trouvé très justes les réflexions sur l'écart qui se creuse, dans une même communauté, entre ceux qui sont arrivés les premiers et ceux qui les rejoignent plusieurs années après, de même que la difficulté à ne pas laisser les mots du lieu d'adoption effacer les mots du pays de naissance.
La dernière partie, dont je ne décrirai pas le déroulement, présente aussi un point fort, une tension plus soutenue, une forme de suspense. Mais cette qualité souffre hélas d'être construite sur des faits et des actes peu plausibles, voire incohérents.
Une lecture en demi-teinte, donc, qui me porte à affirmer que s'il y a une autrice afghane à lire sans hésiter, c'est bien Spôjmaï Zariâb plutôt que sa fille Chabname.
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