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Critique de Lucilou


J'ai le coeur chamallow en refermant "Qinaya", premier tome de "L'Adoption", petite merveille graphique signée Zidrou et Monin, et je crois que j'ai même un peu envie de pleurer, de tendresse et de tristesse. Drôle de cocktail.

C'est étrange de penser que parfois les pires tragédies sont à l'origine des plus grands bonheurs, que ce qui se joue parfois à des milliers de kilomètres agit tout près de nos vies... C'est pas ça l'effet papillon?

Arequipa, Pérou. La terre tremble sous les coups d'un séisme de magnitude 8,4. Autant dire que pour les habitants, c'est leur monde qui se fracasse et s'écroule. Ce sont des maisons en miettes, des vies brisées qui éclatent en mille morceaux et tout à reconstruire. Des familles disloquées, des parents portés disparus, des enfants perdus.
Cette fin du monde offre pourtant à un couple de quadragénaire en mal d'enfant la possibilité, le bonheur d'être enfin parents.
C'est ainsi qu'un beau jour d'avril, Alain et Lynette rentrent du Pérou avec la petite Qinaya, petit bout d'à peine quatre ans, laissée orpheline par le séisme. La famille au grand complet est réunie pour les accueillir et rencontrer la fillette. Rayon de soleil au teint caramel étourdie de tout cet amour qui soudain lui tombe dessus. C'est que tout le monde est aux anges ou presque.
Gabriel, lui, n'est pas convaincue par cette adoption. Il trouve son fils bien trop vieux pour devenir père et puis cette gamine... bof... le vieux grincheux voit avec angoisse son épouse se réjouir de pouponner à nouveau. Les enfants, les couches culottes et les bains, très peu pour lui! Gabriel aime sa routine: faire un peu de sport avec les Gégés avant d'aller manger au Sénégal, faire son jardin, passer du temps avec sa femme. Pas question de changer quoi que ce soit à cette paisible retraite. Non mais!
Pourtant, au fil des jours, le grand-père et sa nouvelle petite-fille s'apprivoisent, s'attachent comme le renard et la rose, comme le Vieil Homme et l'Enfant, comme Heidi et son grand-père.
Qinaya devient indispensable au bonheur de ce bougon qui n'a pas su être un père présent pour ses propres enfants et qui semble vouloir rattraper le temps perdu avec la petite fille qui a fait fondre ses préventions de capitaine Haddock.

Le récit est beau, délicat et extrêmement touchant. Sa grande justesse et sa drôlerie (merci aux Gégés qui m'ont tant fait penser aux "Vieux Fourneaux"!) l'empêchent de sombrer dans la mièvrerie, tout comme ses graphismes délicats mais pleins de vie et colorés de teintes vives, franches.

"Qinaya" est une oasis de douceur jusqu'à sa chute. Orage et douche écossaise. Il pleut, il tempête sur l'oasis et ça fait mal. Comme les rêves qui deviennent cauchemars, comme le réel qui n'est jamais aussi beau qu'on le voudrait.
Moi, cette fin m'a rendue tellement triste. Et tout cet amour, on en fait quoi après?
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