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Critique de mahaut_vanes


Il faudra excuser cette critique, que beaucoup traiteront de "mièvre". Mais il faut dire que je suis une adepte de la romance et que les lectures, sans un tant soit peu d'amour...Je n'ai plus vraiment l'habitude.
Et puis, j'ai la vision d'une jeune adolescente du XXIe siècle, qui a bien râlé lorsqu'on lui a imposé de lire ce classique, pour une certaine date en plus. Autant vous dire que je m'y suis plongée en marmonnant, bien consciente qu'un travail m'attendrait, à l'issue de cette lecture.
Et enfin, rappelons que la problématique des grands magasins n'en est plus vraiment une aujourd'hui, leur présence étant devenue une évidence. Bien que je me batte pour soutenir les petits commerces...Bref.

Denise Baudu est une jeune normande de vingt ans, aux cheveux extrêmement longs mais assez quelconque sur bien des aspects. Débarquant de Valognes accompagnée de ses deux petits frères, elle espère qu'ils seront recueillis par leur oncle Baudu, suite à la mort de leur parents. Hélas, ils apprennent avec horreur que la situation de ce dernier est plus qu'instable ; un nouveau et immense magasin lui faisant de la concurrence. Ayant bien besoin besoin d'argent pour vivre, Denise se voit obligée de se présenter à ce magasin, dans l'espoir d'être vendeuse. Elle est alors projetée dans le monde des grands magasins et des ficelles du métier : elle fait la rencontre de Henri Deloche, jeune novice ; Octave Mouret, jeune veuf et patron du magasin qui est pour le moins troublé par cette jeune femme ; Mlles Prunaire et Vadon qui ne lui cacheront pas leur dédain ou encore l'inspecteur Jouve, haut placé et menaçant, et bien plus encore. Denise devra s'imposer, quitte à élever la voix, pour se faire respecter dans ce Paris du XIXe siècle, impartial et sans pitié, en particulier pour les femmes. Elle croisera la route de multiples bourgeoises, pathétiques et coquettes et de nombreux hommes assoiffés par le pouvoir et l'ambition.
Octave Mouret est l'un d'eux mais cette « petite fille » éveille en lui des sentiments nouveaux et bientôt, le succès du magasin ; les agrandissements à mener ; les sommes astronomiques qu'il produit ne sont plus grand choses à côté de cette jeune femme « patiente, seule, redoutables dans sa douceur. ». Mais Denise ne semble pas l'aimer.
Denise, quant à elle, tente tant bien que mal de réfréner ses sentiments à l'égard de ce grand homme, coureur de jupons et plutôt froid aux premiers abords. Mais Octave ne semble pas l'aimer.


Pour être honnête, j'appréhendais beaucoup cette lecture, particulièrement à cause de la plume de Zola ainsi que le nombre assez terrifiant de personnages. Toutefois, une fois lancée, rien ne m'arrêtait. Ladite plume est vraiment très agréable à lire ; plutôt poétique mais assurément fluide, elle nous emporte avec elle dans le Paris du XIXe siècle, aux côtés de Denise. Pour ma part, c'est un réel bonheur de lire un roman avec un style d'écriture pareil.
Le nombre de personnages est resté terrifiant tout au long de ma lecture et j'avais beau me concentrer et faire des résumés par chapitre, je n'ai toujours pas compris qui étaient certaines personnes. le point négatif serait alors que, à cause de ce nombre trop important de personnages, nous ne nous sentons pas du tout proches des protagonistes. Leurs problèmes et peines sont lointains pour nous, et durant une grande partie de l'histoire, je n'ai pas réussi à m'accrocher aux personnages.
L'histoire en elle-même est très plaisante à suivre, malgré les quelques temps morts. Suivre l'évolution de ce monstre de magasin et la déchéance des petits commerces est assez triste, sachant que cela s'est réellement passé. Les parties concentrées sur les bourgeoises m'ont bien fait rire, tant elles sont pathétiques, avec leurs pulsions d'achats irrépressibles, leurs désirs de beauté et leurs pensées n'étant que faites de dentelles, de chapeaux et d'ombrelles. Bien que, à côté de la misère dans laquelle tombent l'oncle Baudu ou Bourras, cela paraît juste pitoyable.
Voilà l'un des points les plus forts de ce roman, qui m'a beaucoup intéressée : les différents points de vue que Zola nous offre. D'un côté, nous avons la pauvreté et de l'autre la richesse ; les grands commerces et les petits ; le luxe et la décadence. Ces deux notions étant encore plus frappantes, présentées ainsi, en alterné.
Et puis, outre l'écriture de Zola, ces personnages criants de vérité, ces descriptions d'une page, ces figures de style de style et autres...Il y a Denise et Octave. Et honnêtement, j'ai adoré leur histoire.
J'ai ressenti toute l'angoisse et la déception d'Octave vis-à-vis de Denise, et toute la retenue et la peur de Denise à propos d'Octave. Qu'il est drôle de voir Octave totalement démuni, éperdu face à cette « petite fille », après nous l'avoir présenté durant des centaines de pages comme un ambitieux né, un riche à en devenir et un bourreau des coeurs. Denise a suscité ma sympathie dès les premières pages, avec son coté effacé. Elle n'est pas sublime, elle n'est pas non plus riche et c'est ce qui la rend encore plus proche du lecteur. Elle transpire d'humanité. Leurs échanges sont remplis de douceur et de tendresse. Je n'y étais pas du tout habituée mais j'ai vraiment beaucoup apprécié cette pudeur. Je suis alors évidemment ravie de cette fin !
Ce fut un grand plaisir de lire ce roman incontournable de la littérature française et de découvrir Zola par la même occasion, j'en ressors avec plein de belles phrases dans la tête.
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