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Critique de Flaubauski


Je sais que je ne suis pas encore au bout de mon aventure lecture/relecture des Rougon-Macquart, que je ne suis, finalement, qu'à un peu plus de la moitié du chemin avec ce treizième tome, mais c'est pour l'instant indéniable - l'on verra si je me trompe - : Germinal est le tome qui me vrille le plus les tripes, en ce que je le trouve, pour l'instant, le plus engagé des romans zoliens.

Peut-être davantage que dans L'Assommoir, qui est déjà impressionnant dans son genre, le romancier nous prend par le bras et nous jette au milieu de la déchéance des mineurs, au moment où Etienne, fils de Gervaise justement, rejoint le Voreux, mine de Montsou, créature terrible avalant femmes, hommes, enfants, pour nourrir la bête Capitalisme en la personne de familles bourgeoises comme les Hennebeau, les Grégoire, ou encore les Deneulin, parfois directeur, parfois actionnaire, parfois propriétaire d'une mine, capitalisant sur la misère de ceux qui y travaillent, rognant de plus en plus sur le prix des chariots remontés, menant fatalement à la grève de ceux qui ne parviennent plus à vivre de leur besogne éreintante et mortifère.

Comme à son habitude, grâce au travail journalistique fourni avant l'écriture de ce treizième roman, nous entrons de plain-pied dans le quotidien des mineurs, de leurs journées de travail à leur jour chômé, le dimanche, de la vie emplie de fatalisme des jeunes filles qui, dès quatorze ou quinze ans, sont déjà enceintes, de gré ou de force, bientôt mariées avec celui à l'origine de leur grossesse, de gré ou de force aussi. Moi qui avais surtout été touchée par le personnage d'Etienne à ma première lecture, par son idéalisme pur, même si naïf, j'ai cette fois été émue, révoltée plus encore, par le destin de Catherine, fille des Maheu, famille de mineurs avec qui Etienne va fraterniser à son arrivée, puissant symbole de cet état de fait dévolu à la condition féminine, que la misère et le travail de forçat mènent indubitablement vers cette voie, et dont les exemples sont légion au fil du roman.

Et puis, bien sûr, Germinal, c'est le printemps, du 21 mars au 19 avril du Calendrier Républicain, c'est la germination des graines, enfin ici plutôt de la révolte, qui sourd depuis de nombreuses années, qui n'attendait qu'une impulsion, celle d'un jeune idéaliste épris d'idées socialistes, à l'heure de la multiplication des syndicats ouvriers pour contrer les actionnaires et le Capitalisme grandissant. C'est la grève, qui devient, au fil des mois, véritable révolte, violente, viscérale, comme un cri de souffrance contenu depuis bien trop longtemps face à ce monde qui s'enrichit sur le dos des ouvriers, mais qui se terminera, sans surprise avec Zola, tragiquement.

C'est en somme un grand roman, mêlant comme toujours à la perfection réalisme cru et poésie épique, en une description d'un monde qui va toujours plus vite, en dévorant toujours plus fort, celui qui oeuvre à son évolution. Une description tellement juste, et toujours aussi actuelle.
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