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Critique de Andromeda06


"Le rêve" est le seizième tome des Rougon-Macquart, il met en scène Angélique Rougon, fille de Sidonie et petite-fille de Pierre Rougon, mais qui a été élevée par l'Assistance publique dès la naissance. Après s'être enfuie d'une famille d'accueil qui la maltraitait, elle est recueillie par le couple Hubert, chasublier de génération en génération dans une petite commune du Val d'Oise. Elle apprendra à son tour le métier, dans lequel elle excellera. Entourée des saintes vierges de la cathédrale voisine et du livre "La Légende dorée" qu'elle ne quitte jamais, Angélique va vivre tout au long de sa courte vie dans un rêve. Car en effet, persuadée d'être guidée par sainte-Agnès et toutes ses acolytes, elle vit dans l'attente de son prince charmant : celui qu'elle aimera à la folie et qui l'aimera tout autant, en plus d'être beau et riche (bah oui tant qu'à faire !). Elle le trouvera en la personne de Félicien, beau garçon et fils du richissime Monseigneur de Hautecoeur. le rêve d'Angélique pourrait se réaliser si seulement le papa du garçon pouvait donner son accord pour qu'il épouse "cette fille de rien"... C'est un déchirement pour les deux amoureux, car oui ils s'aiment à la folie...

Nous avons là une nouvelle fois un opus bien différent des autres. Émile Zola ne dénonce pas, ne se fait pas critique de la société. Pas de cancans, pas de mesquineries. Pas de personnages avides de pouvoir et d'argent non plus. "Le rêve" fait partie des quelques tomes les plus doux, voire même romantiques, de la série. Une romance, un roman d'amour, pourrait-on le qualifier.

L'ambiance est également tout autre puisque nous sommes plongés dans une sorte de rêve, ou de réalité cotonneuse, entourés des saintes vierges et martyres, influencés par leur destin et leurs messages que l'on perçoit dans le bruissement des feuilles au vent par exemple. L'obsession de Zola en ce qui concerne le blanc prend ici une ampleur démesurée. Tout est blanc, d'Angélique elle-même à sa chambre, en passant par la lumière de la lune et ses reflets et toutes les saintes. Tout est référence et symbole de chasteté, pureté, innocence, virginité. Avec de temps à autre un halo doré, rappel aux divinités, à la noblesse et la richesse. Zola implante par conséquent une atmosphère très pieuse, "soyeuse", chimérique, qui prend le dessus sur tout le reste.

Zola aborde à nouveau le thème de la religion, mais sous un aspect différent. Il y est davantage question ici de mysticisme, de miracle, de la vie des martyres qui aiguilleront les rêves d'Angélique. Il me faut avouer que c'est parfois pesant, le sujet ne m'intéressant guère à la base.

Quant à Angélique, même si on comprend dès le début qu'elle a hérité du gène "folie" de son arrière-grand-mère Adélaïde, on ne peut qu'avoir beaucoup d'empathie pour elle. Cette jeune fille, qui vit isolée, que les Hubert n'ont jamais voulu scolariser pour la préserver, n'a pas appris à faire la différence entre le rêve et la réalité. Elle s'est imaginé une vie de princesse et vit dans la béatitude et l'attente. Elle ne comprend pas les mises en garde de sa mère adoptive, et pour cause puisque son prince charmant fait son apparition et que tout se déroule comme elle l'avait prédit. Quand le père de Félicien refuse le mariage, elle n'était évidemment pas préparée et tombe de haut. C'est à partir de là qu'on prend pitié d'elle, que l'histoire devient de plus en plus douloureuse.

Le dénouement m'a grandement étonnée, il s'est produit un "miracle" que je n'attendais pas. Zola n'a quand même pas pu s'empêcher de s'arrêter sur un drame, mais qui s'avère être beaucoup moins violent que ce que je m'étais imaginé.

Malgré quelques longueurs dues à des explications/descriptions que j'ai trouvées rébarbatives (le thème, comme dit plus haut, ne m'attirant pas, c'est donc très personnel), j'ai une nouvelle fois passé un bon moment. "Le rêve" ne fera pas partie de mes préférés de la série, alors qu'il est pourtant l'un des tomes les plus doux et touchants, peut-être même le plus lumineux, que j'ai lus jusqu'ici.
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