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Critique de Andromeda06


Et me voilà fermant le dernier tome des Rougon-Macquart, qui clôt magistralement la série. Durant ces vingt tomes, Zola a su dépeindre son "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire" avec brio, minutie, précision et réalisme. D'ailleurs, dans ce dernier volet, c'est un peu s'il résume toute son oeuvre, nous la rappelle en tout cas. Et c'est par le biais de Pascal Rougon, dit le docteur Pascal, que Zola nous met une dernière fois face à celle-ci.

Car effectivement, Pascal, en plus d'être médecin, se passionne également pour la science, la vie, l'avenir, et notamment l'hérédité. Durant de longues années, il a pris sa famille comme objet d'études. Un à un, il a ajouté chacun des membres sur l'Arbre généalogique qu'il a établi, en y ajoutant toutes sortes de renseignements susceptibles d'y voir plus clair un jour (chacun d'entre eux a d'ailleurs un dossier à son nom). Sur cet Arbre : un tronc (origine de la défaillance), trois grosses branches et tout un tas de ramifications. Certains vivent, (beaucoup) d'autres ne sont plus. Et si beaucoup d'entre eux ont hérité de la "tare" de la famille, cette dernière s'est manifestée de bien des façons (ambitions et avidités, alcoolisme, névroses diverses, etc). Mais un petit nombre y a tout de même échappé. C'est d'ailleurs le cas de Pascal et de sa nièce Clotilde.

Clotilde qui, comme Jacques Lantier, a certainement été ajoutée sur l'Arbre sur le tard (en tout cas, j'ignorais son existence avant d'ouvrir ce roman), est en fait la fille de Saccard. Vous vous rappelez de Saccard ? Cet être ignominieux et sans-scrupule qui a poussé sa femme au suicide et tout son entourage à la ruine dans le seul but de devenir le plus riche ? Bref, Clotilde est la fille de Saccard donc, renvoyée avec son frère Maxime à Plassans au décès de leur mère. Placée à La Souleiade chez son oncle Pascal (Pascal est le frère de Saccard), elle est élevée et éduquée par ce dernier. Aujourd'hui, Clotilde est une jeune fille en âge de se marier, saine de corps et d'esprit. Et pourtant génétiquement parlant, c'était pas gagné... le milieu sain dans lequel elle a grandi a été un avantage pour elle, elle en prend d'ailleurs conscience au fil des pages : Saccard, en se débarrassant d'elle, a finalement fait une bonne action (il n'y a qu'à comparer avec Maxime, qu'il a repris avec lui quelques années après). Mais Clotilde, elle, est donc une jeune femme épanouie, qui aide Pascal dans ses travaux, en faisant office à la fois d'assistante et de secrétaire. Elle a pour cet oncle une véritable vénération. Et pourtant, au déplaisir de Félicité (mère de Pascal, grand-mère de Clotilde) et de Martine (servante un chouïa amoureuse de Pascal depuis trente ans), ce dernier a définitivement banni la religion de sa vie et salit quelque peu son nom de famille. Alors quand la relation de Pascal et Clotilde commence à changer de direction, quand en plus ils ne s'en cachent pas, Félicité n'a plus qu'une obsession : mettre un terme à cette relation et, par la même occasion, faire main basse sur les travaux de son fils qui pourraient compromettre le nom des Rougon s'ils étaient découverts...

On suit donc parallèlement, si on peut dire, deux intrigues : les travaux (susnommés) de Pascal d'un côté et la relation qu'il entretient avec Clotilde de l'autre. Alors oui je sais : il avoisine les 60 ans et elle n'a pas 25 ans, mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas d'âge pour l'amour ? Il nous faudra juste faire abstraction du fait qu'il est son oncle et elle évidemment sa nièce. Mais on y arrive, car ils s'aiment, vraiment, sincèrement, et respectueusement. C'en est même touchant, tellement ils sont mignons.

Et par le biais de l'Arbre généalogique, on assiste en direct à la conclusion de Zola sur sa grande fresque familiale. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié les clins d'oeil, les petits récapitulatifs et rappels des tomes précédents. J'ai également grandement apprécié avoir eu des nouvelles de chacun des membres et savoir ce qu'ils sont devenus (pour ceux qui s'en étaient sortis vivants, cela s'entend).

"Le docteur Pascal" a donc à la fois un côté dramatique et romantique, un autre un peu plus scientifique, se mélangeant au fil des pages. J'ai adoré cet ultime roman : alors qu'il m'a été impossible de m'attacher à la plupart des Rougon-Macquart, je suis heureuse d'avoir terminé la série avec des personnages attachants, touchants, aussi bien désintéressés que sains d'esprit. Malgré la tournure des événements, présageant une fin dramatique comme l'auteur sait si bien les faire, je suis ravie de cette conclusion.

Tantôt odieusement détestables, tantôt touchants à souhait, dépeints dans des contextes et des cadres toujours très différents, réalistes, précis et/ou envoûtants, ils vont terriblement me manquer, ces Rougon-Macquart !
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