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Critique de Merik


Déjà, rien que le titre : Maurice à la poule.
Sans parler du nom de l'auteur : Matthias Zschokke.
Il est des livres, comment dire... On ne peut tomber dessus que par hasard malgré le prix qu'il a eu, pas possible pour moi d'imaginer un bouche à oreille, un tapage médiatique tels que ce roman fanfaronnerait en devanture de toutes les librairies de France et de Navarre. Et d'Helvétie aussi (il vient de par là-bas).
Quoique, il doit bien y avoir quelques libraires à le conseiller. Je les imagine contorsionnés sous un fatras de bouquins d'occasion dans un 10m², une barbe d'ermite jaunie par le tabac d'une pipe malodorante. Oui je sais c'est cliché, mais il faut être cliché pour conseiller un tel ovni.
Pour ma pomme, le hasard a frappé un jour de marché, perdu qu'il était dans un étal au milieu d'autres bouquins. Il m'a fait du nez, parce qu'un tel bouquin ne peut pas faire de l'oeil. Ni du pied d'ailleurs.

(- « Euh... Et sinon, le speech ? » dit l'ami Babéliote
- « Ah, euh... Oui pardon » je dis)

Il est difficile, ami Babéliote, de parler d'un bouquin dont le héros (qui s'appelle Maurice donc) se décrit comme inintéressant, n'ayant rien à raconter, capable qu'il est d'aller passer Noël dans une maison de retraite, parce que là au moins, il peut raconter la même histoire plusieurs fois de suite sans qu'on lui fasse la remarque.
Il est difficile de parler d'un bouquin qu'on est à deux doigts d'abandonner au bout de 20 pages, en se disant « non pas possible, je vais pas pouvoir tenir 250 »
Il est difficile de parler d'un bouquin dont un des points culminants de l'intrigue se situe au moment où le héros (anti-héros, plutôt) cherche à savoir d'où vient la musique de violoncelle qu'il entend fréquemment dans son appartement.
Il est difficile de parler d'un bouquin qui petit à petit, sans en avoir l'air, m'a accroché, avec son charme ineffable, sa petite musique interne, sa drôlerie sous-jacente. Ses entrées de paragraphe par un mot du dico, peut-être au hasard (quand Maurice ne fait pas l'inverse, à savoir chercher un mot dans le dico répondant à une certaine définition). Et ses paragraphes agencés dans le chaos semble-t-il au départ, au gré peut-être des pensées ou des rêveries de Maurice l'hyperoisif qui n'est rien, même pas fichu de les suivre ses pensées, car elles vont trop vite pour sa paresse. Mais un Maurice qui finit quand même par résonner en sourdine métaphysique sur quiconque, qui n'est guère plus que rien aussi. Et ses idées qui prennent de l'épaisseur au fil des pages, donnant peu à peu au vide existentiel et à la négation de vie toute la profondeur d'un semblant de vérité. Comme une démonstration par l'absurde.
Et je vous ai encore rien dit des autres personnages, aux silhouettes fantomatiques eux aussi. Difficile. L'ami qui invite Maurice, véritable source d'angoisse pour notre super anti-héros, parce qu'il n'a rien à lui raconter. Ou la mère, du moins une vieille dame dont l'auteur nous dit qu'elle joue le rôle de la mère, mais il n'en est pas sûr. Et sa compagne, dont on n'apprend pas grand chose, peut-être parce que Maurice ne la regarde plus, allez savoir....

Bref, il est difficile d'en parler.
Essayez-le, vous verrez.
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