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Critique de hanyrhauz


"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." Cette phrase de Simone de Beauvoir, qui se vérifie tous les jours un peu plus, a accompagné ma lecture des Heures rouges de Leni Zumas.
Ce roman se passe aux Etats-Unis. de nouvelles lois viennent d'être votées limitant très fortement les droits des femmes. L'avortement est interdit, et toute femme y ayant recourt se voit emprisonné pour meurtre. Les femmes célibataires n'ont plus le droit à la PMA ou à l'adoption, puisque chaque enfant a le droit à un papa et une maman (ça nous rappelle quelque chose...). Quatre femmes vont se croiser dans une petite ville de l'Oregon. Chacune a un rapport différent à la maternité. Ro est quarantenaire et désire plus que tout un enfant, mais elle est célibataire. Mattie a 16 ans, toute une vie devant elle, mais se retrouve enceinte sans l'avoir désirée. Susan est mariée, elle a deux enfants, mais rêve de solitude et de liberté. Gin, la sorcière, la guérisseuse, voit toutes ces femmes. Elle a eu un enfant, mais elle l'a abandonnée.
Une cinquième femme s'intercale dans ce récit : Eivor Minervudottir, une exploratrice du grand Nord née en 1841. Ne pouvant pas avoir d'enfant et désirant surtout apprendre et découvrir, elle est suspecte aux yeux de tous et rejetée par la société de son époque. Mais est-ce bien différent aujourd'hui ?
Elles sont attachantes, toutes, sans réserve. Elles ressemblent à mes collègues, à mes amies, à mes soeurs, à ma mère. Et à moi aussi, bien sûr. J'ai eu le sentiment pendant ma lecture d'une grande sororité. Elles ne s'entendent pas toutes, elles se jalousent, se jaugent. Mais il y a entre elles un profond respect et un regard complice. Parce que le rapport à la féminité est ce qui nous lie et nous différencie.
J'ai aimé ce choeur de femmes. Ces mots libres et profonds sur la maternité.
J'ai aimé aussi que les hommes soient présents mais que leurs paroles ne soient pas celles qui comptent. C'est un roman féministe, féminin, qui laisse entendre la voix des femmes. C'est un roman qui dit l'absurdité de lois édictés par des hommes et qui touchent le corps des femmes. C'est une saine colère.
Ce livre est plus que nécessaire à une époque où Trump dirige les Etats-Unis, où les nationalismes ressurgissent un peu partout dans le monde, où le féminisme est vu comme une menace.
Je ne peux que vous conseiller de lire les Heures rouges !
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