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Critique de StCyr


Dans une station prisée des alpes autrichiennes un jeune baron, séducteur et mondain, remarque d'un oeil avide une femme mûre et opulente, issue de la riche bourgeoisie israélite, accompagnée de son jeune fils de douze ans, maladif et nerveux. le galant décide alors de gagner les bonne grâces de l'enfant timide et isolé pour parvenir plus sûrement au coeur de la dame.

Les bases sont posées pour une passionnante nouvelle d'une profonde finesse psychologique. Zweig illustre parfaitement la psychologie de l'enfant, son bonheur d'être reconnu comme une grande personne, sa mortification quand lui est rappelé, par des ordres impérieux venant de sa mère, sa condition d'enfant. L'intérêt inespéré d'un adulte pour lui le soulève d'un sentiment d'amitié absolue et naïve, faite de fascination et d'adulation. Parallèlement le contact établi entre les deux adultes, il se fait jour chez la mère un trouble dont le cheminement et la progression impérieuse répondent à un souhait longtemps inconscient d'aventure et à un dilemme de femme d'âge mûr : basculer définitivement du côté de la mère ou rester encore un peu femme et profiter des derniers feux du soleil couchant de sa beauté. S'ensuit une jalousie naissante du fils devant le rapprochement des grandes personnes et en parallèle un malaise et un agacement grandissant de l'homme face aux sollicitations intempestives d'affection de l'enfant. Les différentes phases de l'évolution du garçon, son bel aveuglement initial dans le drame qui se joue au dessus de lui, sa confiance absolue et naïve en la parole des adultes et la découverte de leur duplicité sont fort bien décrits. Un autre aspect plus troublant de la psychologie enfantine est finement exprimé : la déception faisant place à une haine déclarée, à l'éveil d'une certaine perversité, à la calme cruauté issue de la conscience de la gène qu'il provoque de par son regard scrutateur et obstiné, de les tenir à merci comme une chaîne dont ils chercheraient à se secouer, se fait jour chez lui un caractère de voyeur, d'espion.

C'est l'enfance dans son balancement perpétuel entre la volonté d'être considéré en alter ego adulte et le besoin d'être encore protégé devant l'immensité hostile d'un monde incompréhensible qu'illustre remarquablement cette nouvelle. le brûlant secret c'est aussi le phénomène progressif de dessillement sur le monde, accompagné d'une méfiance grandissante, prélude à l'entrée dans l'âge adulte. Magistral
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