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Critique de Alfaric


Romain d'Huissier est un passionné qui nous refait en 300 pages tout le cinéma de Hong Kong en général et tout le cinéma de Tsui Hark en particulier !

Le détective du paranormal Johnny Kwan est mis en contact avec le nabab Anthony Chau pour retrouver les voleurs de précieux artefacts antiques provenant du complexe funéraire du Premier Auguste Empereur. Il remonte la piste des 81 Frères, une triade Miao / Hmong qui souhaite se venger des Hans / Chinois (Ci jau est-il un roi légendaire ou dieu-démon, les taoties sont-ils des rebelles indigènes ou des monstres sanguinaires ?). En parallèle, il enquête à titre personnel sur la mort de son ancien mentor Eric Tse, et il apparaît qu'il a été assassiné et que les deux affaires sont liées…
Le héros narrateur est un fat si, autrement dit un exorciste : il agit aux frontières du monde du jour, plein de Yang et habité par les hommes, et le monde de la nuit, plein de Yin et habité par des créatures diverses et variées, et il veille à ce qu'ils n'interagissent pas ensemble ou a défaut que les interactions entre les deux mondes ne résultent pas en de sanglants dommages collatéraux. Il nous guide donc dans la métropole cosmopolite de Hong Kong (une carte n'aurait franchement pas été de refus), mais aussi et surtout dans l'univers surnaturel dans lequel il baigne depuis presque toujours et que le commun des mortels ne fait qu'entrapercevoir de temps à autre (un lexique n'aurait franchement pas été de refus)… Au final il ressemble à un lonesome cowboy certes, mais de par le background fantastique de bon aloi il a des airs de John Constantine de "Hellblazer" ! (sauf qu'il faut mettre de côté la magie tantrique qui permet au héros de se régénérer quand il s'envoie en l'air avec sa femme-renarde bien-aimée ^^)

Comme dans la série télé urban fantasy "Supernatural", on retrouve tous les classiques des chasseurs de monstres qui opèrent tantôt individuellement tantôt collectivement et on découvre les us et coutumes de cette microcommunauté (qui réussit à trouver le temps de travailler à son encyclopédie participative du surnaturel surnommée Taonet ^^)
Mais comme dans la série télé urban fantasy "Grimm", les créatures de la nuit ne sont pas forcément des monsters of the week : ils forment leurs propres communautés, encore plus fermées et superstitieuses que celles des êtres humains en raison de leur ancienneté, et comme tous les immigrés issus d'un autre monde ils sont divisés entre traditions et modernité et ils confrontés et à une société qui les rejette en raison de leur altérité… (marre des populistes xénophobes qui surfent sur la peur et le rejet de l'autre : on ne m'enlèvera pas de l'idée que les soi-disant problèmes d'identité seraient vite oubliés si tout le monde avaient de bonnes conditions de vie et de travail… mais c'est tellement plus facile de stigmatiser et de diviser pour régner ou lieu de résoudre les problèmes d'inégalités économiques et sociales : comme d'habitude les politicards sont forts face aux faibles, et faibles face aux forts… MDM)
Et comme dans les bons vieux romans-feuilletons on retrouve l'association descriptions / explications / action, et l'ensemble s'avère particulièrement rythmé : la feuille de route est bien remplie niveau magies, bastons et gunfights puisque que l'auteur se réapproprie de coolissime manière des scènes cultes de "Greensnake", "Mr Vampire", "L'Exorciste chinois", "La Légende de Zu", "Ghost Chinese Stories", "Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin"... sans parler du grand final qui ressemble furieusement à un épisode de 24 heures chrono dans lequel aurait débarqué un spectre assassin ! oh yeah ! (ça et la rencontre avec un dragon et sa cour des miracles dans un univers de poche : Zelazny power ! oh yeah)


L'éditeur breton Critic, comme à son habitude serais-je tenté de dire, offre à l'auteur et aux lecteurs un chouette livre objet relevé de la chouette illustration de couverture de Xavier Colette. En bonus la nouvelle faisant office de prototype, intitulé "La Vengeance du dragon" et écrite pour l'anthologie "L'Amicale des Jeteurs de Sort" éditée par Malpertuis, où Johnny Kwan est missionné par la Triade du Dragon Florissant pour neutraliser l'assassin de leur créature porte-bonheur, d'où un duel au sommet avec un sorcier malais maléfique. Et puis une preview d'"American Fays" aussi, dont je vous reparlerai ultérieurement…
En fait, c'est simple de réaliser un bouquin d'urban fantasy, il suffit d'associer un environnement urbain fort à un background fantastique fort au lieu de faire du copier-coller avec des bellâtres et des bimbos déambulant dans une métropole nord-américaine de pacotille à la recherche de vampires et de loups-garous pas flippant pour un sou… Soupir
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