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Critique de Henri-l-oiseleur


Cet ouvrage savant mais accessible s'efforce de replacer la Bible hébraïque dans le contexte de la culture écrite de l'ancien Orient. En effet, de l'Egypte à la Mésopotamie, l'écrit bénéficiait d'un statut spécial, était réservé à l'usage d'une élite de scribes patronnés par les pouvoirs, formant des micro-sociétés avec une idéologie et des techniques propres. L'auteur étudie la condition de scribe en Mésopotamie (bien plus qu'en Egypte) et cherche à retrouver dans le texte de la Bible juive les traces similaires à celles qu'il trouve dans les oeuvres cunéiformes. Il est amené à reconstituer, à la vérité sur des bases documentaires parfois peu stables et peu fiables, l'existence d'une élite de scribes hébreux qui aurait composé les livres du Livre au fil du temps, deux siècles avant et après l'Exil babylonien. Sa description des sociétés savantes et son examen de la composition des livres bibliques (des livres antérieurs à la notion même de "livre"), sont des éléments fascinants de cette étude. L'application à la société alphabétique juive de ce qu'il observe en Mésopotamie, semble très hypothétique, mais stimulante et discutée avec brio dans le livre de Seth Sanders, "The Invention of Hebrew".

L'auteur propose un tableau général de la fonction du scribe dans l'Orient ancien, en se fondant surtout sur les nombreux témoignages mésopotamiens (car en Judée, on ne trouve que peu de documents). Il formule ainsi des définitions passionnantes des notions d'auteur, de livre, d'éditeur, de texte, de canon, à travers leur formation progressive dans le grand ensemble akkadien et sumérien. Ensuite, il cherche à retrouver les critères et définitions qu'il a élaborés à partir de la Mésopotamie, dans le texte même de la Bible hébraïque, et il essaie de la replacer, dans le contexte de la civilisation du Proche-Orient ancien. L'ouvrage est prenant et passionnant, dépourvu de ce ressentiment que l'on rencontre toujours chez les exégètes critiques médiatisés comme Shlomo Sand ou Israël Finkelstein, envers le texte ou l'objet de leur étude... Comme le ton est apaisé et sans polémique moderniste (ou post-moderniste), le livre devient instructif et enrichissant.
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