Avec une lenteur assumée qui correspond bien à celle avec laquelle les héros de Given se cherchent, l’autrice nous plonge dans la nostalgie de ces moments où les choix sont terriblement difficile à prendre et pourtant essentiels.
Si j’ai parfois l’impression que la série s’embourbe un peu, je ne peux nier les beaux et douleurs sentiments qui m’étreignent à la lecture de chaque tome. Les personnages sont devenus comme des amis que j’ai envie d’épauler et de soutenir, et leurs épreuves mes épreuves. Alors tant pis si le groupe est encore mis de côté, tant pis si les romances pataugent, les sentiments restent le plus important et ça compte.
Dans ce tome, c’est Mafuyu qui va nous inquiéter, lui qui se sent perdu par rapport aux autres, lui dont le traumatisme n’est toujours pas résolu et qui se sent larguer de voir les autres avancer sans lui. Sa fragilité, son absence de parole et de décision pourraient agacer, car c’est un immobilisme sourd, mais à l’inverse il m’a touché profondément, j’ai retrouvé en lui des sentiments que j’ai ressenti également, des sentiments pas faciles que l’autrice ose mettre en avant. Alors impossible de ne pas craquer en voyant combien son entourage se prend la tête pour tenter de le faire à nouveau avancer et sortir de cette mauvaise phase sans le brusquer non plus. C’est touchant.
Heureusement cependant la série ne parle pas que de lui, ce serait un peu trop morose sinon. On prend donc plaisir à suivre l’évolution de chacun. J’ai aimé voir Uenoyama continuer d’avancer dans sa carrière musicale, répéter, composer, réfléchir aux groupes. Il ne reste pas figé et coincé sur Mafuyu comme je le craignais. Il en va de même pour Hiiragi, qui est en train de faire son deuil en réalisation son rêve. Je ne peux donc que souhaiter la même chose à Given qui, géré par Haruki, reçoit la même offre et ferait bien de s’en saisir. Mais Given est aussi l’histoire d’un groupe d’amis et pour cela, ça prend son temps, ça laisse son temps à chacun de grandir et mûrir, ne brusquant rien, ce qui ferait imploser le groupe. On nous propose une autre vision de la musique et du showbiz, plus bienveillante et plus douce vis-à-vis de la psychologie des artistes. Ça fait un bien fou.
Alors oui, ce tome est assez tranquille, très intérieur, avec au final peu d’interaction et d’avancement, mais le peu qui a lieu fait bien réfléchir chacun et on les voit doucement avancer sur leur voie, parfois avec la peur de se tromper mais avec le courage d’essayer. C’est une très belle métaphore de la vie et un très beau tableau de la pression inutile qu’on met sur les épaules de jeunes êtres en construction à l’adolescence. Laissons aux gens le temps de grandir, de se chercher, de faire des choix ou non.
Avec une émotion toujours au rendez-vous, Given est un titre plein de délicatesse et de bienveillance, qui confirme sa volonté de ne pas faire comme nombre de boys love ou nombre de titres musicaux. Natsuki Kizu veut prendre son temps, laisser le temps à ses héros de se trouver et ça fait du bien. Oui, ça peut lasser mais c’est nécessaire et bien plus bienveillant ainsi. Alors courage Mafuyu et patience les Given !
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