Comme dans les deux tomes précédents, la "petite" histoire (celle du clan Médicis et de Lorenzo) se mêle à la grande, en insistant surtout sur la vie privée de ses héros : l'essentiel du roman est en effet consacrée à la relation entre Lorenzo et Lucrezia Donati, amour digne des plus grands romans et contrarié par les obligations politiques et financières des Médicis. C'est d'un côté très divertissant mais cela manque aussi d'originalité car on se retrouve très vite dans un triangle (voire un carré) amoureux et un schéma qui rappelle énormément le trio Vernio / Lucrezia / Pietro du deuxième tome, c'est un peu dommage !



L'autre élément qui m'a un peu déçue dans ce troisième tome, c'est justement la place trop grande accordée aux amours contrariés de Lorenzo et des autres membres du clan Médicis : le roman se déroule à une période fascinante pour l'histoire de l'art (l'essor et l'âge d'or de la Renaissance italienne) et cela est finalement assez peu évoqué, à peine quelques mots ou phrases au détour d'un paragraphe de temps en temps. De même, je trouve que l'autrice passe assez rapidement sur des évènements importants de cette époque, comme la célèbre conjuration des Pazzi ou même la montée en puissance de Savonarole et la chute des Médicis. C'est vraiment dommage car c'est ce que je m'attendais surtout à découvrir dans ce roman.



Malgré tout, ce Lorenzo... reste un bon roman historique : l'intrigue reste plaisante (malgré les défauts que j'ai évoqué) et est digne d'une saga historique, avec ses rebondissements, ses moments de joie et de peine, le plaisir de voir grandir et évoluer les personnages au fil des chapitres...

Deuxième tome de la Saga des Médicis, Le Lys de Florence nous propose une nouvelle fois une immersion dans la petite et la grande histoire, via notamment un récit de la chute de Constantinople en 1452 vraiment glaçant.

Mais ce roman est surtout un fascinant portrait de femme (à travers la figure de Lucrezia Tornabuoni) et une réflexion passionnante sur la place de la femme dans la Florence du XVe siècle : on découvre en effet un univers où les tractations matrimoniales ont avant tout une importance politique et financière, où il s'agit moins d'une alliance entre un homme (adulte voire vieux) et une femme (généralement à peine pubère ...) que d'une association entre deux familles où chacun sort gagnant dans l'affaire. Pas de mariage d'amour donc (ou alors c'est un coup de chance) et l'avis de la future mariée est bien évidemment jamais demandé... C'est assez terrifiant à lire pour un lecteur du XXIe siècle mais en même temps assez fascinant car on se prend assez vite au jeu des alliances, des marchandages sur telle ou telle ressource détenue par tel ou tel clan, aux rivalités entre grandes familles...



Roman historique oblige, on a quand même de la passion et du drame avec le triangle amoureux Lucrezia / Piero / Vernio : même en ayant une idée du dénouement, toute la première partie du roman (qui fait monter le suspense sur qui aura la chance d'épouser Lucrezia) m'a filé entre les doigts sans que je m'en rende compte tellement j'étais happée par l'histoire.

Plus globalement, même si je n'ai pas toujours été d'accord avec ses actions, j'ai adoré le personnage de Lucrezia, une femme que j'ai découvert avec ce roman et qui est vraiment intéressante pour sa personnalité, sa culture et son intérêt pour le monde qui l'entoure. Comme cela est dit dans le roman, c'est dommage qu'elle n'ait pas été un homme (ou du moins, qu'elle n'ait pas vécu à une époque où elle aurait eu plus de libertés et de droit à la parole) car elle aurait été incroyable !