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3.56/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Rome , le 11/10/1956
Biographie :

Edoardo Albinati est un écrivain italien.

Ayant été éditeur du magazine Nuovi Argomenti à partir de 1984, il entame sa carrière d'écrivain en 1988.

Alors qu'il travaille auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés de 2002 à 2004, il fait paraître des articles dans Corriere della Sera et La Repubblica concernant la situation des réfugiés en Afghanistan et au Tchad. Depuis 1994, il enseigne au sein de la prison romaine de Rebibbia qu'il raconte dans son récit autobiographique "Maggio selvaggio" (1999).

Il a également collaboré à l'adaptation de scénarios pour le cinéma.

Il est l'auteur de romans ("Le Polonais laveur de vitres", 1989), de récits ("Guerra alla tristezza!", 2009), de poésie ("Élégies et proverbes", 1989), de récits autobiographiques et d'essais.

Il a reçu le prix Viareggio (2004) et le prix Strega (2016).
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Bibliographie de Edoardo Albinati   (4)Voir plus

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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Clementina où qu’elle se trouvât, en un point quelconque de cette mer à la beauté hostile, Clementina, unique et provisoire point d’appui, les seins de Clementina, ses jambes, sa voix à peine audible, tel le bourdonnement qui provient d’une ruche : il n’y avait pas d’autre horizon pour Erri, dans le bref espace de temps que durerait encore leur fugue. Non par désir ni par amour pour elle, ni même par amour de la curiosité et de la nouveauté qui devraient faire tomber, de l’arbre de la vie ordinaire, quelque fruit délicieux à manger en cachette, mais par pur besoin de faire taire sa propre angoisse, durant les heures qu’Erri et Clementina passeront sur l’île en la longeant et en la sillonnant de fond en comble à la recherche de criques désertes et de pinacles de rochers, de grottes et de ravins, il ne lui accordera aucune trêve, la traquera pour la déshabiller si elle n’est pas déjà nue, l’embrasser et la toucher, il l’étreindra au point de manquer l’étouffer, de presque lui rompre le dos, il plongera son visage dans les mains et le corps de Clementina, sa langue et sa bouche dans les siennes, essayant d’aspirer l’antidote à cette angoisse.
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Instabilité des sentiments : anxiété, joie, peur, excitation, remords, divertissement, désespoir, amour, égoïsme, solitude. Atten­­dre toujours, frénétiquement, qu’il arrive quelque chose, quelque chose de nouveau, d’imprévu, une surprise plus grande, une phrase plus émouvante, un souvenir, un frisson agréable, un rêve et que, au fur et à mesure, l’instant suivant révèle le sens de l’instant à peine écoulé. Et puis la légèreté et la précarité, et l’erreur, et la faculté de pouvoir se tromper et l’illusion de ne pas devoir en payer les conséquences, parce qu’il n’y a jamais aucune conséquence, ni bonne ni mauvaise, de ses propres actions. Évanouies en un instant. Quand le monde existe et n’existe pas, et qu’au fond c’est la même chose. Quand on ne peut ni ne veut changer les choses, quand on ne peut pas les toucher mais qu’il est beau de les effleurer et d’en être effleuré, comme par le passage d’un fantôme aimé le long d’un couloir plongé dans l’ombre ; Erri et Clem se trouvaient là, dans l’ombre.
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Était-il jaloux, cet homme ? N’avait-il pas une femme tout aussi désirable que la jeune fille au pair qui, en ce moment de la journée, était peut-être en train de remonter le mécanisme d’un petit manège auquel étaient suspendues, au-dessus du visage de leur fils, de jolies abeilles multicolores, afin de l’hypnotiser et de l’aider à s’endormir ? Quel type de douleur la jalousie provoque-t-elle, de quoi protège-t-elle en définitive si, au fond, la finalité de toute douleur est de nous permettre d’en éviter d’autres ? Suis-je jaloux de cette femme qui avance devant moi, une ombre qui pourrait disparaître au prochain coin de rue et cesser d’exister ? Je suis jaloux si je pense qu’elle a un mari et un bébé, et une autre vie qui est en fait sa vraie vie. Oui, je suis jaloux, pense Erri, je suis très jaloux. Horriblement, désespérément jaloux. Non de l’amour qu’elle éprouve pour un autre, ni de son corps qui est touché et embrassé par un autre ou par d’autres, mais de l’ensemble de sa vie, ça oui.
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De temps à autre elle s’atténuait, se calmait, pendant qu’Erri était contre elle ou l’enlaçait, mais dès qu’il éloignait la main de son corps, cette femme devenait soudain trop importante, comme s’il n’y en avait pas eu d’autre au monde ou plutôt, comme si le monde s’était dépeuplé, se transformant en un désert inhabitable sauf pour cette unique personne, cet individu, ce survivant avec lequel partager une solitude sans bornes ; dès qu’il éloignait les mains d’elle, Erri était repris par l’angoisse, une angoisse totale et jusque-là inconnue, comme s’il n’avait plus d’attaches, comme si ses parents, qui n’étaient pas encore vieux, étaient morts, sa femme morte et aussi ses filles, depuis longtemps, et comme si Erri n’avait pas une maison, un travail, des frères et sœurs et des parents encore en vie et en bonne santé ; il n’y avait plus personne avec qui vivre à l’exception de cette femme, il n’existait rien de bon et aucun espoir sur la face de la terre, ils n’avaient jamais existé.
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La conscience de Clementina, con­­cernant ce qu’ils étaient en train de faire ensemble, balançait. Une fois surmonté l’obstacle consistant à se demander si c’était bien ou pas, si c’était opportun ou pas, il n’y en avait plus beaucoup d’autres. Opportunité, plaisir comme fin en soi, curiosité, conséquences, peur, tous ces termes la touchaient par intermittence, tantôt un peu, tantôt pas du tout. Durant leur première nuit sur l’île – nuit qui n’est pas encore tombée – peu avant l’aube, quand Erri s’était réveillé pour boire bruyamment au robinet de la salle de bains et l’avait réveillée en allumant la lumière, puis, revenu dans le lit, l’avait renversée sur le dos et surplombée, Clementina, le retrouvant au-dessus d’elle dès qu’elle avait ouvert les yeux, l’avait de nouveau saisi instinctivement par les hanches et avait enfoncé les ongles dans sa peau, impressionnée par cette violence et bien décidée à rendre coup pour coup.
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Avait-il déjà épuisé sa charge pour lui proposer, par jeu, de coucher avec une fille insipide et maladroite, dont il avait entrevu les dessous pendant qu’elle enfourchait un scooter ? Et pourtant, ces mots touchèrent Clementina, la troublèrent, l’excitèrent, l’image indécente et disponible de la fille à demi nue, le visage fourré d’abord entre ses cuisses puis entre celles d’Erri l’envahit, la fit vibrer, crût en elle comme une éventualité agréable à laquelle il est vain de s’opposer, quelqu’un qui arrive au bon moment, quelque chose qui advient, qui advient et c’est tout, jusqu’à voir distinctement ces jambes pâles et tordues et la langue pointer entre les lèvres exsangues, les cheveux qui recouvraient le visage insignifiant pendant qu’elle était penchée pour exécuter ses services érotiques, diligente, le fil ténu qui séparait ses fesses sèches, deux demi-lunes livides qu’Erri s’était proposé de forcer.
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Elle avait vu une fois, de ses propres yeux, la chambre à coucher d’Erri et de sa femme, et pourtant, cette image la tourmentait : le lit conjugal, les lampes identiques sur chaque table de chevet, le genre de draps, le genre de lingerie porté par sa femme et la manière, délicate ou brutale, avec laquelle Erri la lui enlèverait. Ce geste, qu’avait-il de particulier ou de différent ? Les étreintes sont toutes pareilles, seuls les participants changent, n’est-ce pas ? Ou bien chacun est-il particulier et différent ? Pourquoi ne devrais-je être jalouse que de cela et pas de tout le reste, c’est-à-dire de chaque moment qu’Erri passe avec sa femme, de chaque mot qu’il lui dit, de chaque regard qu’il lui adresse, y compris les regards d’agacement et même de haine, s’il y en a ? Ceux-là aussi, je préférerais qu’ils s’adressent à moi, et rien qu’à moi ?
 
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Peut-être à cause d’une estime de soi excessive, il était convaincu que les rapports de Clem avec son mari, si jamais il y en avait, comptaient peu, voire pas du tout ; que, de toute façon, ils n’étaient pas comparables, question ardeur et émotion, à ceux qu’ils avaient eus lors de leurs rencontres clandestines, qu’en être jaloux aurait gâché toute future rencontre avec Clementina, la contaminant avec les deux pires ennemis de l’amour : le désir obsédant de possession exclusive et l’esprit de comparaison. Elle pouvait bien aller avec n’importe qui, Clementina, se disait Erri, naïf mais sincère, pourvu qu’elle vienne avec moi, qu’elle reste avec moi. Rester avec moi annulera, dominera, justifiera, lavera comme on lave un péché véniel toutes les autres scènes d’amour, les rendra aussi vaines que si elles n’avaient jamais eu lieu.
 
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Clementina plaisantait sur cette faiblesse d’Erri. Pourquoi trompes-tu ta femme si cela t’angoisse autant ? aurait-elle voulu lui demander. Est-ce que je te plais davantage qu’elle ? C’est seulement parce que je te plais que tu es prêt à courir des risques ? Est-ce que tu tiens vraiment à moi, ou plutôt, jusqu’où n’oserais-tu pas t’aventurer pour ne pas voir s’effondrer le château de tes timides mensonges ? De tes pâles précautions ? Quel sens cela a-t-il de coucher avec moi ? Quelle place cela occupe-t-il dans tes priorités ? Quelle place cela occupait-il dans ton imagination, la première fois que nous nous sommes vus ? Suis-je plus, ou moins importante pour toi aujourd’hui ? Et qu’éprouves-tu quand tu viens sur moi, que tu es sur moi ? De l’amusement ? Le goût du risque ? De l’amour ? De l’excitation ? De la peur ?
 
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Quand le monde existe et n’existe pas, et qu’au fond c’est la même chose. Quand on ne peut ni ne veut changer les choses, quand on ne peut pas les toucher mais qu’il est beau de les effleurer et d’en être effleuré, comme par le passage d’un fantôme aimé le long d’un couloir plongé dans l’ombre ; Erri et Clem se trouvaient là, dans l’ombre. Et ils imaginaient être guidés à l’extérieur d’eux-mêmes par une force étrangère et irrésistible, une force fortuite, de même qu’avait été fortuite leur première rencontre. Où les conduirait-elle ? Parce que leur vie ne leur suffisait pas, parce qu’elle ne suffit jamais à personne ? Y avait-il un meilleur endroit, un jardin sans péché ? Ces questions, ils se les seraient posées à eux-mêmes s’ils avaient été plus lucides et quoi qu’il en soit, inutilement.
 
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