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Ce tome fait suite à Wonder Woman by George Perez Vol. 3 (épisodes 25 à 35) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour pouvoir situer les personnages, mais ce n'est pas indispensable. Il regroupe les épisodes 36 à 45 et annual 2), initialement parus en 1989/1990, écrits par George Pérez pour l'intrigue, et par Mindy Newell pour les dialogues et cartouches de texte. Les épisodes 36 à 44 ont été dessinés par Chris Marrinan qui a également réalisé les couvertures, encrées par George Pérez. Annuel 2 : scénario & dialogue de Pérez, séquence actuelle dessinée et encrée par Colleen Doran, séquence souvenirs dessinées par une artiste différente à chaque fois dans l'ordre Carrie Spiegle, Michelle Wolfman, Ramona Fradon, Carol Lay, Barb Rausch, Jan Duursema, Cara Sherman Tereno & Leslie Sternbergh. Après le décès de Myndi Mayer, Diana et Julia Kapatelis aident les employés (Chrissie Fenton, Bryan, Deni Hayes, Garrett Rosenzweig, Steve London) à ranger une partie des dossiers, tout en évoquant des souvenirs sur l'évolution de la célébrité de Wonder Woman. Il s'agit donc d'un numéro anthologique avec de courtes histoires, toutes dessinées par des femmes. George Pérez en profite soit pour écrire sur la célébrité de Wonder Woman, soit une courte aventure simple mettant en valeur sa bonté et sa gentillesse, sa volonté de résoudre des conflits autrement que par la violence. Non seulement c'est l'occasion de découvrir des artistes inattendues ou vétérans (Ramona Fradon, Jan Duursema), mais en plus cela fait ressortir à quel point cette série a su acquérir une personnalité singulière par rapport à l'ordinaire des superhéros, tout en conservant le principe d'une héroïne qui donne l'exemple et qui utilise des superpouvoirs. Épisodes 36 à 40 : encrage par Steve Montano (é36, é37), Mike Machlan (é38, é39), Robert Campanella (é40). La fête des Cinq approche, et les amazones ont accepté de recevoir une délégation des Nations Unies sur leur île Themyscira. Cette délégation se compose de Robert Cantwell, Phyllis Haller, Benjamin Hecht, Lois Lane, Asmund Lindel, Dr. Vladimir Morakov, Maritza Nitumbe, Rovo Quashi, Henri Claude Tibet, Lin Koo Teng, Rev. Alan Witherspoon, Felix Zumac. Les préparatifs vont bon train, même si Menalippe a un drôle de regard. Aux États-Unis, Diana prend contact avec les délégués, prend le temps d'avoir une discussion à cœur ouvert avec Clark Kent, et constate que Hermès a perdu une partie de ses attributs divins. C'est un développement attendu par les lecteurs : les amazones ont décidé de révéler leur existence au monde, de faire reconnaître leur statut de nation, et de faire visiter leur pays. Le scénariste parvient à éviter le ridicule d'une civilisation restée à l'âge de la Grèce antique, face à des individus modernes. Il réussit cette épreuve grâce à la culture mythologique qu'il a personnellement acquise et dont il a nourri la série au fil des épisodes. Même si le lecteur critique peut entretenir de sérieux doutes quant à la pérennité d'une société confinée sur une île, sans apport extérieur pour se développer, pour évoluer, le scénariste sait faire en sorte que cet aspect des choses reste à l'arrière-plan et que le regard des délégués prenne le dessus dans la confrontation entre une appréhension moderne de la réalité, et une conception datée, sans être idiote. Il ajoute une attaque en règle d'une déesse malveillante, et le tout se lit agréablement. Chris Marrinan continue d'essayer de rester dans la tonalité des dessins de George Pérez à qui il a succédé sans être aussi méticuleux. Le résultat est parfois un peu pataud, mais il gagne en qualité au fil des épisodes, avec une capacité impressionnante à reproduire les éléments visuels conçus par Pérez. Épisode 41 : encrage de Romeo Tanghal. Julia Kapatelis travaille dans un site de fouilles archéologiques en Turquie pour trouver l'emplacement de Thémiscyre, la première cité des amazones, et reçoit une lettre de sa fille Vanessa qui est animatrice dans un camp de vacances avec sa copine Lucy Spears. Elle reçoit également une lettre de Diana qui est revenue dans le monde patriarche et qui est à la recherche de Steve Trevor et de Hermès. Tôt dans la série, George Pérez a utilisé la forme épistolaire ou celle du journal intime pour des épisodes chargés en texte, mais donnant accès aux pensées intérieures d'un ou plusieurs personnages. C'est ici le cas pour cet épisode qui sert de transition entre deux aventures plus longues. Sous réserve qu'il ne soit pas rétif à ce mode narratif, le lecteur se rend compte à quel point le scénariste donne le point de vue des principaux personnages qui sont des femmes d'âge différent. Il remarque également que le scénariste est un dessinateur aguerri en ceci qu'il a pris en compte que le dessinateur de l'épisode doit pouvoir réaliser des planches qui racontent, et pas seulement qui illustrent. Marrinan le fait très bien en restant dans un registre réaliste pour la morphologie de chaque personnage, en particulier de jeune adolescente pour Vanessa, la fille de Julia. Il n'y a aucune mièvrerie dans les préoccupations des unes et des autres, une grande réussite. Épisodes 42 à 44 : encrage de Romeo Tanghal. Diana est de retour aux États-Unis. Alors qu'elle séjourne dans la maison de campagne des Kapatelis, elle est réveillée par un bruit à l'extérieur. Un commando cagoulé d'une dizaine d'individus est en train de s'attaquer à ses voisins Solomon Buchman et Maxine Sterenbuch. La situation empire quand Silver Swan enlève Solomon Buchman et le met à l'écart puis passe à l'attaque contre Wonder Woman. Cette version du personnage de Silver Swan est apparue pour la première fois dans l'épisode 15 de la série, la version précédente datant de 1982, créée par Roy Thomas & Gene Colan, mais ayant été effacée par la remise à zéro de Crisis on infinite Earths (1985/1986). Le lecteur retrouve avec plaisir cette jeune femme et découvre comment elle est devenue ce qu'elle est. George Pérez se lance dans un mélodrame larmoyant sur fond d'expérience génétique et de combats destructeurs, un territoire beaucoup plus conforme aux séries mensuelles de superhéros. Pour autant, les personnages principaux restent bien féminins : Diana, Maxine Sterenbuch, Etta Candy et bien sûr Valerie Beaudry. Il est question d'amour, d'aveuglement émotionnel, de solitude, de paraître. Le scénariste et la dialoguiste savent trouver le bon point dosage des ingrédients narratifs pour parler aussi bien aux lectrices qu'aux lecteurs, sans tomber dans le mélodrame larmoyant, sans transformer Wonder Woman en un superhéros masculin qui aurait juste un corps féminin. Romeo Tanghal est arrivé dans la série lors de l'épisode précédent, et le lecteur peut tout de suite voir la différence dans le rendu final des dessins. Il longtemps été l'encreur attitré de George Pérez dans la série The new Teen Titans, et ça se voit. Les dessins se font plus précis, avec un peu plus de texture, et un fini plus consistant que dans les épisodes précédents. Il s'agit d'une narration visuelle à la forme très classique pour du superhéros, sage, avec ce qu'il faut de puissance lors des scènes de combat, et un bon niveau détails dans les personnages et les décors. Le lecteur se sent impliqué aussi bien par les émotions des personnages que par le danger lors des combats. Il sourit en voyant que Marrinan & Tanghal ont bien conservé les bottes à talon plat de Wonder Woman, mais qu'ils n'ont pas pu s'empêcher de revenir à des talons hauts pour Silver Swan, ce qui est fort peu pratique pendant les affrontements physiques. Épisode 45 : dessins de Jill Thompson, encré par Romeo Tanghal pour le temps présent, de Cynthia Martin pour la première histoire, et de Colleen Doran pour la deuxième. Harmonie, la fille de d'Arès et d'Aphrodite se tient devant les Moires : Clotho, Lachésis et Atropos. Elle s'interroge sur le destin, sur le talisman qu'elle porte et sur le principe d'un être vivant formé à partir de la glaise. Les Moires lui racontent l'histoire de Prométhée et de Pandore. Cet épisode constitue également une forte partie de l'identité de la série, une spécificité unique. Au fur et à mesure des épisodes, il est visible que George Pérez se renseigne sur la mythologie grecque, dans un premier temps pour trouver des déités peu usitées afin de nourrir ses intrigues, dans un deuxième temps pour raconter moins de bêtises, et donc moins s'exposer aux critiques des lecteurs pointilleux. L'effet secondaire est que ses histoires contiennent plus de mythologie moins grand public, ce qui donne une épaisseur inattendue aux amazones, et rend moins ridicules les interjections de Diana à base de dieux grecs. Dans cet épisode, elle est tout juste évoquée, et il s'agit en fait de raconter deux mythes d'une manière plus européenne que de transformer tout le monde en individus dotés de superpouvoirs exotiques avec des règles bizarres. Les dessins de Jill Thompson se font plus féminins dans l'approche, moins gros muscles et combats primaires. Ceux de Martin se font plus brut, en cohérence avec une légende de la nuit des temps. Ceux de Doran retrouvent une délicatesse en cohérence avec l'histoire de Pandore. À l'époque, peu de séries (voire aucune) pouvait se permettre un tel écart par rapport à l'attente des lecteurs quant à un épisode de superhéros. S'il a suivi cette série depuis le premier épisode, le lecteur retrouve avec plaisir son ton si particulier, tout en appréciant que le scénariste maîtrise de mieux en mieux la mythologie grecque et évite au mieux de l'abâtardir à l'américaine. Il regrette bien sûr qu'il ne dessine pas lui-même les épisodes, mais se satisfait des pages de Chris Marrinan, surtout à partir du moment où il est encré par Romeo Tanghal. Il constate à plusieurs reprises que les auteurs s'autorisent à sortir des sentiers bien balisés des comics de superhéros et parviennent à réaliser des épisodes à la saveur unique. + Lire la suite |