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La composition est une construction de formes colorées et dessinées, qui existent indépendamment en tant que telles, procédant de la nécessité intérieure et formant, par cette vie commune ainsi créée, un tout que l'on nomme tableau.



VI - Le langage des formes et des couleurs

Editions Denoel, Folio Essais, 2021
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Olivier Adam
Tandis qu'elle mange, elle ne peut plus vraiment changer de chaîne. Elle baisse le volume, allume la stéréo derrière elle. Elle n'écoute pas vraiment. Ses yeux fixent un point et son regard se trouble. Elle finit sa soupe. Enfile une veste, prend les clés de la voiture sur le buffet, éteint tout.

Elle traverse le lotissement, gagne la nationale. Elle roule au milieu des enseignes, dans la lueur des phares et des feux tricolores. Dans les alignements de restaurants chinois jaune et bordeaux, de pizzerias vert et rouge, de bars à néons bleus. Comme fait son fils, elle ferme à demi les yeux pour voir les lumières en guirlandes. A Paray-Vieille-Poste, juste avant Orly, elle emprunte une rue parallèle à la nationale, alternativement bordée de pavillons et de commerces. Une cité HLM, un lycée, un stade. A gauche, une rue mal éclairée et étroite. A gauche encore et à nouveau la nationale, le ruban des phares blancs ou jaunes. Elle s'arrête devant un bar. Entre. Deux types accrochés au zinc. Ca sent la bière. Le bruit électronique d'un jeu vidéo, la télévision en haut dans un coin. Un match de foot anglais, le son coupé. Marie commande un verre de vin rouge. Puis un autre. Elle boit en silence. Les types la regardent. Elle s'en fout. Fait comme si. Un grand brun s'approche et lui demande ce qu'elle fait comme ça à traîner dans les bars, à cette heure, seule. Puis se tait. Visiblement gêné. Elle répond à peine. Il n'ose plus lui parler.

Marie le regarde et pense qu'ils sont en train de se rater. Qu'ils se regardent en silence, s'observent mutuellement en train de se rater. Qu'ils le font. Qu'ils y consentent. Y sont habitués. Marie le regarde te pense qu'elle sait. Elle pense c'est vendre di soir il est sorti. Il était crevé, a eu la flemme de pousser jusqu'à Paris. Elle pense il était seul dans sa voiture, s'est arrêté dans un bar aux néons un peu plus brillants. Il est entré. Il n'y avait presque personne et ça sentait la bière. La lumière était froide. Le patron lui a dit bonsoir alors il n'a pas osé ressortir. Il a commandé une bière. Elle est entrée. Il la regarde et il sait qu'ils sont pareils. Elle pense qu'il sait, qu'il le voit. A sa démarche, à son regard inquiet, sa réserve et ses ongles rongés, les bouts de peau qu'elle s'arrache. Ils sont pareils. Seuls et pareils dans la nuit des nationales. Sortis sur la pointe des pieds, maladroits, pas habitués, sans savoir où aller. En se disant que, peut-être quelqu'un les attendait. Quelque part. Là ou ailleurs.
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Je prends le temps, même si le silence est pesant comme un ciel d'orage. J'attends toujours quelques instants en debut
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" Mes dernières notes danseraient dans cette salle pour l’éternité. "
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Après le concert, on est allés au Dairy Queen… Non ? Si, si. On est allé traîner au Dairy Queen, à Lima, Ohio, avec une bande de salopes élevées au grain, avec des seins monstrueux, le nez aplati, le regard bovin, fagotées dans les dos-nus les plus provocants possible – des filles cools, des gentilles filles, un peu ralenties du bulbe.
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Rassurons-nous, mon cœur, je puis encor lui plaire :

Je me comptais trop tôt au rang des malheureux ;

Si Titus est jaloux, Titus est amoureux.

(Acte Il, Scène 5)
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Olivier Adam
Les trottoirs à vélo, le parfum de fumée, la morve, on renifle, les sachets plastique qui volent, la descente mouillée, une voiture qui klaxonne, l'allée des tilleuls, la route recouverte de feuilles un peu pourries. Personne au-dehors. Plus loin, un peu plus loin, au fond d'une rue parallèle la petite maison discrète, sur un seul étage, à peine entourée de gazon et de quelques plantes en grillagées. Derrière les rideaux des formes s'affairent tranquillement. Des affaires de dimanche en novembre, de dimanche en famille. Un gâteau cuit dans le four. Elle finit ses devoirs. Son père regarde le sport à la télé. Sa mère repasse. Pas grand-chose en somme. Antoine roule devant la maison. Ca dure une heure, puis elle le remarque, elle sort. Il s'arrête devant la grille. Elle a ce sourire si beau. Antoine voudrait la serrer si fort, l'étrangler peut-être, la couvrir de baisers, la protéger pour toujours. C'est une petite fille, une presque adolescente, un bandeau de velours dans les cheveux, une robe ringarde, vieillotte et fleurie, un blouson par-dessus. Elle marche dans des feuilles mouillées. Elle sourit. C'est un sourire poignant.
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Bâtir un paradis chinois, c'est créer un univers magique, riche d'une grande variété d'espèces. Il symbolise le paradis terrestre, là où, selon les anciennes légendes, se trouve l'élixir de longue vie, la clé de l'immortalité.
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- Tu bosses pour la gauche, maintenant ?

- T'es trop manichéenne, Verhaeghen, Barbier t'a complètement lobotomisée. Les politicards font semblant de se battre dans l'Hémicycle, mais dès qu'ils arrivent au bistrot de l'Assemblée ils se balancent des grandes claques dans le dos. Il n'y a ni droite ni gauche, juste une bande de types qui en chasse une autre, mais ils sont tous du même bord.

- Lequel ?

- Le bord de ceux qui se partagent le pouvoir, c'est-à-dire nous. Le bord d'en face, ce sont les esclaves qui croient à nos chimères, c'est-à-dire les autres. De quel camp est-ce que tu veux faire partie ?

- Qu'est-ce que tu veux?

- Que tu nous aides.

- À collaborer ?

- Entre autres.
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Je viens à peine de te connaître, je sais, dit-il d’une voix qu’il s’efforçait d’empêcher de trembler, mais je peux déjà t’annoncer que tu vaux toute la malchance du monde.
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Voici l'histoire d'une étoile filante qui rêvait d'aller sur Mars. Mais elle a filé trop vite, cette petite étoile, et sa lumière, s'est éteinte d'un coup, par un matin d'été pluvieux.
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Olivier Adam
Antoine se réveille en sursaut. Il met sa main devant ses yeux pour se protéger du jour. Sa mère vient d'ouvrir les rideaux. Elle se tient là et lui dit qu'il est déjà tard, qu'il a rendez-vous chez le médecin à treize heures pour sa jambe, qu'il doit accompagner Camille chez son père. Elle sort en lançant : ne traîne pas. Antoine se redresse. Une douleur aiguë lui vrille le genou. C'est comme si on avait fait un noeud avec ses os ou ses muscles, il ne sait pas très bien. Il se lève et gagne la salle de bains en boitant. Exécute tous ses gestes sans penser, sans s'arrêter sur rien, sans s'égarer surtout.

Dans la cuisine, il s'assied devant un bol de thé et deux tartines beurrées. Un verre de jus d'orange. A la radio une émission sur le cinéma. Camille finit son chocolat debout et pose le bol dans l'évier, s'essuie le coin des lèvres puis sort de la pièce. Marie entre dans la cuisine en passant sa veste. Puis elle noue un foulard tandis qu'Antoine boit une gorgée et se lève.
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Il n'y a rien d'absolu. C'est pourquoi la composition des formes, qui repose sur cette relativité dépend :

- de la variabilité de l'assemblage des formes

- de la variabilité de chaque forme jusqu'au plus petit détail.



VI - Le langage des formes et des couleurs

Editions Denoel, Folio Essais, 2021
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Incipit :



C’est lorsqu’un livre est tombé tout seul de l’étagère que j’ai su que ma sœur était morte.



Pour être honnête, c’est plutôt lorsqu’un second livre est tombé, quelques secondes après le premier, que j’ai compris que quelque chose de grave s’était produit. Une main invisible les avait poussés l’un après l’autre pour attirer mon attention. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti un vide intense. Peu avant cet événement, les rossignols avaient cessé de chanter. Les oiseaux avaient-ils annoncé la nouvelle avant les livres ? Est-ce seulement possible ? Je ne sais pas. Une chose est certaine, je me souviens avoir eu froid, comme en ce moment.
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Olivier Adam
Le four fait une musique comme une goutte d'eau. Elle pose tout sur un plateau éteint la lumière avec le coude. Dans la chambre de Camille, une veilleuse d'enfant fait des ombres sur le mur. Elle sourit en voyant les gros poissons rouges se superposer aux décolletés de Jennifer Lopez. Camille dort. Elle ressort sans faire de bruit. Antoine s'est encore endormi tout habillé, la lumière allumée. Ses cheveux sont un peu gras que la sueur retient par mèches. Elle trouve en boule, dans un coin, un drap vert pâle. Elle le déplie et l'étend sur lui, éteint la lumière et ferme tout doucement la porte. Puis elle entre dans sa chambre, s'assied sur son lit. Tout est si rangé. Sur la commode, un livre de Mary Higgins Clark qu'elle n'a pas envie de lire. Elle feuillette un magazine. Se déshabille lentement. Passe un grand tee-shirt à l'effigie des Simpson et se glisse sous les couvertures. Pas un bruit. Rien ne bouge. Marie fouille du bout des doigts dan la commode, y trouve un somnifère qu'elle avale avec un verre d'eau. Elle veut s'endormir vite. Elle repense à ses collègues aujourd'hui. Pas une pour lui demander si elle allait mieux. Elles chuchotaient entre elles. Et cette conne de chef qui a dit qu'elle devrait s'organiser pour rattraper son retard, lui a demandé un certificat médical. Marie n'en avait pas.
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Par ailleurs, il n'existe pas en art de forme parfaitement matérielle. Il n'est pas possible de reproduire exactement une forme matérielle : bon gré, mal gré, l'artiste dépend de son oeil, de sa main, qui, dans ce cas, sont plus artistes que son âme désireuse de ne pas aller au-delà d'un but photographique. L'artiste conscient, qui ne se satisfait pas de dresser procès-verbal de l'objet (ce que l'on nommait autrefois matériel), essaiera nécessairement de donner une expression à l'objet à représenter, ce que l'on nommait autrefois idéaliser, plus tard styliser, et que l'on appellera encore autrement demain.



VI - Le langage des formes et des couleurs

Editions Denoel, Folio Essais, 2021
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A son oreille, elle entend les mots de Simone Weil. Les vers de son poème intitulé « Il restera de toi ». Certains de ces vers la retiennent, pour un instant : « Ce que tu as donné, en d’autres fleurira », « Il restera de toi ce que tu as perdu », « Il restera de toi ce que tu as semé »…

Et, sans plus penser, elle se laisse glisser. Ailleurs, peut-être, les absents d’ici l’attendent.
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Et l'Italie qu'on s'invente, les mercredis après-midi. Les disques les yeux fermés. Les histoires et les confidences. Tu serais ma soeur, je serais ton frère et rien jamais ne pourrait nous séparer. On se noierait dans un lace couvert de brume et nos mains resteraient scellées dans la vase. Il y aurait des oiseaux migrateurs.



Au petit café de Mainville, trois types un peu rouges s'accrochent au comptoir et descendent des demis. Antoine s'assied au fond de la salle, demande un café. Le flipper clignote dans le vide. La radio diffuse un vieux tube de Joe Dassin. (Petit, Antoine rêvait d'être Joe Dassin. Déjà, il se trouvait de vagues ressemblances. Cette grosse masse de cheveux, cette grosse tête. Il voulait lui ressembler plus tard, toujours. Porter des costumes étroits et brillants. Etre américain et français à la fois. Siffler sur la colline. Je serais Joe Dassin, je porterais des costumes à franges et des bottes en cuir blanc et je chanterais. Et si tu n'existais pas. On s'est aimés comme on se quitte. Je me baladais sur l'avenue, le cœur ouvert à l'inconnu, j'avais envie de dire bonjour à n'importe qui. N'importe qui ce fut toi... Moi aussi un jour, je mourrai avant l'heure.)
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Je vais vous donner quelques titres. " Le Docteur invraisemblable" ?

Jusqu'à l'assassinat de l'éditeur Lebovici, il n' y avait pas de raison que je me procure plus d'un exemplaire du livre de Ramón Gómez de la Serna.Elle rit.Seulement,après ce coup- là, je me suis dit si jamais je le perds, je ne pourrai plus le ravoir.J'en ai donc enlevé trois d'un coup à la Librairie Tschann et plus tard deux autres sur les quais.Ramón Gómez de la Serna était médecin à Madrid.Humoriste, avant- gardiste, surréaliste, il a dû quitter l'Espagne de Franco au moment de la guerre, se réfugier au Mexique.(...)

On appelle le docteur

"Invraisemblable "pour des cas désespérés.





( p.43)
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Trop de tricheurs dans la partie. Elle considérait l'amour comme une arnaque pour les gogos, exactement comme les tickets de la Française des Jeux qu'elle vendait aux clients
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