La plus grande réussite administrative de Frédéric pendant cette période fut la complexe réforme juridique dont le récit occupe l'essentiel des volumes afférents des Acta Borussica.
Son père avait hérité d'un système judiciaire archaïque, désespérément confus et très malhonnête: «La misérable justice crie au ciel!»s'exclama-t-il peu après son couronnement en 1714.
Au début de 1746, il entreprit de reprendre en main l'administration civile. Les rapports de ses espions (il avait conservé les redoutés Fiscal chargés par son père d'infiltrer divers organismes) et les doléances de ses sujets montraient clairements les directives royales étaient trop souvent ignorées ou sabotées. Les fonctionnaires provinciaux manquaient du zèle, de l'industrie et de l'intégrité exigés par le devoir et l'honneur. Les projets de construction souffraient de la stupidité, de la paresse et de la malveillance résultant d'une mauvaise gestion.
Le gros de l'armée assiégeait la citadelle de Breslau. Rien d'une sinécure par ce froid glacial:il fallait creuser des tranchées dans une terre gelée couverte de 10 cm de neige. Des conditions effroyables régnaient dans la forteresse:la confortable garnison de Salomon von Sprecher s'était accrue de 7500 fuyards affolés, la plupart sans armes, et 600 blessés et malades.
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Frédéric abandonna la poursuite. Grâce à une campagne aussi brève que peu sanglante, qui avait coûté à Charles quelque 5000 hommes, ses magasins et presque tous ses convois de bagages, il avait accompli sa mission.