Abdelkader Chatt

Biographie :

Abdelkader Chatt, né Tanger en 1904 fut écrivain, journaliste, poète, traducteur et homme d'administration. Issu d'une famille modeste, il rejoignit d'abord l'école coranique où il apprit le dernier quart du Coran « le quart de Yassine » ; il entra ensuite, en 1911, à l'école franco-arabe où il fit de brillantes études, puis au lycée Regnault où il obtint une bourse d'études en 1917 et où il se classa toujours parmi les meilleurs. Le décès prématuré de son père le contraignit à abandonner ses études à la fin de la seconde. Cependant, son amour pour la langue et la culture ne s'émoussa point, et en vrai autodidacte, il poursuivit sa propre formation en dehors de l'école française. Il travailla par la suite dans les douanes, PTT et enseignement. Il entra à l'Administration Internationale en 1926 où il occupa divers postes. Après l'Indépendance, il intégra l'Administration marocaine. Il obtint sa retraite en 1969 avec le titre d'administrateur-adjoint. Cette retraite lui permit d'approfondir ses connaissances dans divers domaines et de se consacrer à l'écriture.

Grâce au grand savant Sidi Abdellah Guennoun, il se versa dans la langue et la littérature arabes. Ses efforts furent couronnés par la publication d'une anthologie de la poésie arabe en 1967 à Fès, d'un recueil de poésie en 1976 à Tétouan, d'une traduction, de l'anglais à l'arabe, du roman Moll Flanders de Daniel Defoe. Il publia aussi des nouvelles dans la revue El Maghrib qui paraissait dans les années cinquante du XXème siècle.

Parmi cette production littéraire foisonnante, écrite en plusieurs langues (arabe, français, anglais, espagnol et italien) la seule œuvre de Abdelkader Chatt qui fut rééditée reste son roman Mosaïques ternies, écrit en 1930 et publié à Paris en 1932.

« Mosaïque ternies » décrit des pans de la vie sociale de la ville de Tanger à l'époque du protectorat. Curieusement, Ahmed Sefrioui va reprendre la même thématique surtout dans son roman La boîte à merveilles (Seuil, 1954). « Mosaïques ternies » bénéficia d'une critique élogieuse comme en témoignent plusieurs articles, notamment celui du journaliste anglais Walter Harris qui séjournait à Tanger et qui qualifia Abdelkader Chatt de « Georges Duhamel du Maroc ».

Abdelkader Chatt s'est éteint le 20 janvier 1992, dans une indifférence générale.

Aujourd'hui, il est de la responsabilité des intellectuels en général et des universitaires en particulier de sortir Abdelkader Chatt et son œuvre des ornières de l'oubli