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4/5 (sur 6 notes)

Nationalité : Hongrie
Né(e) à : Budapest , le 25/11/1921
Mort(e) à : Budapest , le 27/05/1981
Biographie :

János Pilinszky est un poète et dramaturge hongrois.

Il étudie le droit, la littérature et l'histoire à l'université. Il était prisonnier de guerre en 1944, où il a vu le camp de Ravensbrück.

Il écrit en 1959 Harmadnapon (Au troisième jour), qui n'est publié que dix ans après, parce que le parti communiste au pouvoir considérait ce recueil comme trop « pessimiste ». Harmadnapon contient son poèmes « Apokrif », considéré comme son chef-d'œuvre, et comme un sommet de la poésie hongroise. Ce poème reprend l'histoire de l'enfant prodigue, résume l'expérience de Pilinszky dans les camps, et exprime son regret de l'absence de Dieu au monde.

Plusieurs de ses recueils de poésies sont traduits et publiés en anglais (par Ted Hughes) et en français (par Pierre Emmanuel et Lorand Gaspar). En 1980, il reçoit le Prix Kossuth.
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Entretien avec le poète hongrois Janos Pilinsky


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cratère

Nous nous sommes rencontrés. Nous nous rencontrons.
Dans un débit de tabac. A une vente aux enchères.
Tu cherchais quelque chose. Tu déplaces quelque chose.
Je m’enfuirais. Je reste.
J’allume une cigarette. Tu t’éloignes.
Tu descends et tu montes.
Je monte et tu descends.
Cigarette.
Tu marches. Je marche.
Nous marchons sur place ; tel un assassin, je te suis à la trace.
Pépiement d’oiseau quand tu me reproches ma naissance.
Que nous soyons là debout.
Puis dans un bras mort de la route,
mon bredouillement commence à rouler,
roule en bas de tes membres immenses,
et de ce quelque chose de victorieux et d’aveuglant,
qui n’est plus toi.
Ton refus, ce cinglement lascif,
inscrit dans la pierre, me touche au point que,
mon regard – deux cailloux -
ne fait que rouler, rouler depuis dans un cratère d’un blanc immaculé.
Mes deux yeux crépitent : mon salut.
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De quoi l'écrivain a-t-il peur devant la page blanche ? Qu'est-ce qu'il risque en écrivant les premières phrases, les premiers mots ? Quelque chose d'irréparable, peut-être ?
Dans la vie nous sommes insouciants. Pourquoi est-ce justement dans le domaine de l'imagination que nous sentons le plus de responsabilité ? Serait-ce parce que le mot écrit est plus durable que nos actes ? Je ne le crois pas.
Ce qui rend l'écriture redoutable, c'est qu'elle est à la fois acte, confrontation et jugement. C'est moins et plus que notre vie. Il est stérile de confronter vie et écriture. L'écriture est une variété exceptionnellement intense de la vie, variété consciente.
Son rôle est double. Elle montre comment nous avons vécu jusqu'à présent et comment nous devons vivre désormais. Elle est critique de tout ce qui nous est arrivé jusque là mais en même temps elle représente aussi pour nous la possibilité du salut. Devant le papier blanc il n'y a que notre espérance qui soit plus grande que notre peur.

1981 - [Orphée n° 831, p. 116]
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Apocryphe

1.
Car toutes choses seront alors abandonnées.

Le silence des cieux,
celui des terres du bout du monde,
celui encore des niches à chien
seront à jamais disjoints.
Dans l’air une armée d’oiseaux en déroute.
Et nous verrons le soleil levant,
muet comme une pupille démente,
calme comme une bête sauvage aux aguets.

Mais veillant dans l’exil,
ne pouvant dormir la nuit,
je m’agite tel un arbre de ses milliers de feuilles,
et je parle tel un arbre nuitamment:

Connaissez-vous la marche des ans,
des ans sur les terres fripées ?
Et comprenez-vous les rides du périssable,
connaissez-vous ma main meurtrie ?
Et savez-vous le nom de l’orphelin ?
Et savez-vous quelle sorte de douleur
de ses sabots fendus, de ses pattes palmées
piétine ici les ténèbres éternelles ?
La nuit, le froid, le trou,
la tête oblique du forçat,
connaissez-vous les auges engourdies,
et la tourmente des profondeurs ?

Le soleil est monté. Gaulis obscur
dans l’infrarouge d’un ciel furieux.
Ainsi je pars. Face à la ruine
un homme va en silence.
Il n’a rien, une ombre.
Et un bâton. Et une casaque de forçat.

2.
Voilà pourquoi j’ai appris à marcher ! Pour
ces pas amers et tardifs.

Et il fera soir, de sa boue la nuit
se fait pierre sur moi et sous les paupières closes
je garde encore cette marche, ces arbrisseaux,
ces rameaux fiévreux.
Feuille à feuille le bosquet brûlant.
Autrefois ici fut le paradis.
Douleur qui resurgit dans le demi-sommeil :
on entend ses arbres immenses !

Je voulais rentrer, chez moi enfin,
comme aussi est rentré celui de la Bible.
Mon ombre terrifiante dans la cour.
Silence meurtri, parents vieux dans la maison.
Et déjà ils arrivent, m’appellent, les pauvres
déjà ils pleurent, m’embrassent en trébuchant.
L’ordre ancestral m’accueille.
Je m’accoude dans le vent des étoiles.
Si une seule fois maintenant je pouvais te parler,
à toi que j’ai tant aimé. D’année en année
je ne me suis point lassé de redire,
comme pleure un enfant dans une encoignure,
l’espoir qui déjà sait tout,
d’arriver et de te trouver.
Ta proximité bat dans ma gorge
Je m’affole telle une bête sauvage.
Tes mots, le parler humain
je ne les connais pas. Il y a des oiseaux
qui à cette heure se sauvent à se rompre
sous le ciel, sous le ciel en feu.
De pauvres planches fichées dans un champ en flammes,
et des cages qui brûlent immobiles.
Je ne comprends pas le parler humain
et je ne parle pas ta langue.
Ma parole plus que les mots est sans patrie !
Aussi n’ai-je pas de parole.
Poids atroce
déboule dans l’air et sonne
le corps d’une tour.

Tu n’es nulle part. Comme le monde est vide.
Une chaise de jardin, une chaise longue, dehors, oubliée.
Dans les pierres aiguës mon ombre fait un bruit
de ferraille.
Je suis las. Je fais saillie de la terre.

3.
Dieu me voit debout sur le soleil.
Il voit mon ombre sur pierre et clôtures.
Sans souffle il voit mon ombre
debout dans le pressoir sans air.

Alors je suis déjà comme la pierre,
ride morte, dessin de mille entailles,
poignée de gravats, tel est
le poids du visage de la créature.

Au lieu de larmes des rides sur le visage,
coule, ruisselle le fossé vide.
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La prière de Van Gogh

Une bataille perdue dans les champs de blé
et dans le ciel une victoire.
Les oiseaux, le soleil et les oiseaux à nouveau.
La nuit, que restera-t-il de moi?

Dans la nuit, seulement une rangée de lampes,
un mur d’argile jaune qui brille,
et plus bas le jardin, à travers les arbres,
comme des bougies dans une rangée, les vitres;

là, j’ai habité jadis et je n’y demeure plus-
Je ne peux pas vivre là où je vivais autrefois, bien que
le toit toujours m’abritait comme une mère.
Seigneur, tu me couvrais il y a longtemps.

Là où vous êtes tombé, vous demeurerez.
Dans l’univers tout entier c’est là
le seul endroit, le lieu d’élection
que vous avez fait vraiment vôtre.

Le pays s’enfuit de vous.
Maison, moulin, peuplier- tout
Se bat ici contre vous, comme dans la
mutation du néant.

Mais maintenant, c’est vous qui ne voulez pas abandonner.
Vous avons-nous trompé ? Vous avez grandi riche.
Vous avons-nous aveuglé? Vous nous regardez encore.
Vous témoignez sans paroles.
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Suffit

Si vaste soit la création,
elle est plus étroite qu’une niche.
D’ici à là-bas. Pierre, arbre, maison,
je bricole. J’arrive en avance, en retard.

Parfois pourtant quelqu’un arrive,
et ce qui est, soudain se déploie.
La vue d’un visage suffit, une présence,
et les papiers peints se mettent à saigner.

Suffit, oui, une main suffit
quand elle remue le café
ou « se retire après les présentations »,
suffit, pour oublier l’endroit,
la rangée de fenêtres sans air, oui,
pour qu’en rentrant la nuit dans notre chambre
nous acceptions l’inacceptable.
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Avant que

De l’avenir je sais peu de choses,
mais je vois devant moi le jugement
dernier.
Ce jour, cette heure
exalteront notre nudité.

Dans la multitude personne ne cherche
l’autre.
Le Père retire la croix comme une écharde,
et les anges, bêtes des cieux,
ouvrent la dernière page.

Alors nous disons : je t’aime.
Je t’aime beaucoup. Et dans le tumulte soudain
nos sanglots une fois encore libèrent la mer,
avant que nous nous mettions à table
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La passion de Ravensbrück

Il sort du rang.
Dans un carré de silence il s’arrête.
Comme une image projetée vacillent
Une casaque, une tête de forçat.

Il est effroyablement seul,
On voit les pores de sa peau :
De ce qui est lui tout est immense,
De ce qui est lui tout est minuscule.

Et c’est tout, pour le reste,
Ce fut tout simplement ceci :
Il oublia de crier
Avant de tomber à terre.
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La mer

La mer as-tu dit en mourant,
et depuis ce seul mot de toi
signifie pour moi la mer,
et aussi, peut-être, ce que tu es.
Et peut-être aussi qui je suis ?
Crêtes et creux de vagues.
Ton agonie, telle la mer
me libère et m’ensevelit.
Mère, mère. Jours ordinaires.
J’entends ta mort et je t’appelle.
Terrifiants jours ordinaires.
Pauvre, pauvre, pauvre, pauvre.
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« Lettres, lignes »

Mériterait une mort paisible
tout scribe qui dans la nuit
prend plume et se penche sur le papier.
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Tel que j’ai commencé, tel je suis jusqu’au bout.
Comme j’ai commencé, je continue jusqu’à la fin.
Pareil au forçat qui, retour
dans son village, continue de se taire,
assis, sans dire un mot, devant son verre.
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