LES ÉNERVÉS DE JUMIÈGES
L’Horizon s’emplit
De lueurs flambantes,
Aux lignes tombantes
Comme un Ciel de Lit.
L’Horizon s’envole,
Rose, Orange et Vert,
Comme un cœur ouvert
Qu’un relent désole.
Autour du bateau
Un remous clapote ;
La brise tapote
Son petit manteau,
Et, lente, très lente
En sa pâmoison
La frêle prison
Va sur l’eau dolente.
Ô Doux énervés,
Que je vous envie
Le soupçon de vie
Que vous conservez !
Pas de clameur vaine,
Pas un mouvement !
Un susurrement
Qui bruit à peine !
Vous avez le flou
Des choses fanées,
Âmes très vannées,
Allant Dieu sait où !
Comme sur la grève,
Le vent des remords,
Passe, en vos yeux morts,
Une fleur de rêve !
Et, toujours hanté
D’un ancien Corrège,
Je dis : Quand aurai-je
Votre Exquisité ?
p.53-54-55
II
JAMAIS ! (extrait)
Pourquoi donc répondre : « Jamais ! »
O jeune et blonde charmeresse ?
Quand je t’ai dit que je t’aimais,
Pourquoi donc répondre : Jamais.
C’est un mot, je te le promets,
Qui n’ira pas à son adresse.
Pourquoi donc répondre : « Jamais ! »
O jeune et blonde charmeresse ?
Quel est ce besoin d’infini
Que nous avons au fond de l’âme ?
Toujours, toujours. O mot béni !
Quel est ce besoin d’infini ?
Mot charmeur, ni le bonheur, ni
L’amour ne vivent sans sa flamme.
Quel est ce besoin d’infini
Que nous avons au fond de l’âme ?