Le soleil se levait lentement sur le désert. Comme découpés pour un théâtre d'ombres, on distinguait sur un fond translucide qui virait progressivement au rose tendre, puis au jaune pâle et à l'orangé, les tentes du campement, ainsi que quelques maigres arbustes et buissons qui s'obstinaient à pousser là. Un peu plus loin, l'homme entendait les bêlements des bêtes encloses pour la nuit, qui l'appelaient. Il allait encore falloir s'éloigner aujourd'hui pour pouvoir pâturer, pensa-t-il. Il mit un genou à terre pour rattacher sa sandale puis s'arrêta, appuyé sur son bâton, pour goûter quelques instants l'aube qui venait. Elle avait chaque jour une saveur différente. Aujourd'hui, elle était moins piquante que la veille, plus ronde, avec juste une petite note poivrée. Une brève sensation de remous : dans les tentes, les femmes commençaient sans doute à s'affairer. Il était temps de se mettre en route. L'homme jeta son bissac sur l'épaule et se dirigea d'un pas assuré vers ses bêtes.