Ces soirs-là, sous les étoiles, il n'y avait plus de tension liée au Bac, plus de stress à l'idée du voyage à venir, plus de Manon aux yeux brillants pour venir danser dans sa tête. Il y avait l'immensité du ciel, l'agréable poids du bras de Corentin sur ses épaules, et la chaleur douce des soirées d'été. Une autre sorte de chaleur la gagnait, qui commençait comme un pincement dans son ventre pour fleurir sur ses joues qui s'embrasaient. Elle ne vérifiait jamais leur couleur en rentrant, elle ne voulait pas polluer ces moments par ses inquiétudes sur d'éventuelles rougeurs de timide. Elle savourait.
— Tu viendrais avec moi ?
— Faut être réalistes, là, dit Manon. Tu es bientôt majeure, tu vas pouvoir faire ce que tu veux. Mais jamais les parents ne me donneront l'autorisation de partir à Tataouine les oies. Surtout si Tataouine est en Thaïlande.
— C'est en Tunisie.
— Tu vois bien ce que je veux dire, Léa ! Ça ne marchera pas, pas avant des années en tout cas. Ça ne t'empêche pas de tâter le terrain avec Maman. Si tu crois aux miracles... ajouta-t-elle avec un clin d’œil.