Du feu
Tu portes au loin les colliers de fleurs
la tresse des cris les retrouvailles
tu mets le feu à l'anse
des souvenirs
Se retourner est interdit
Une nuit s'échappe de tes mains
‒ du feu pour nous
La mort et la vie ‒ douces comme les buissons
comme les minutes de sable comme l'avoine
aux lèvres des juments
ÊTRE DANS LE PAS DES CHEVAUX…
Être dans le pas des chevaux
et leurs crinières blanchies par le froid
et leurs pas plus lents sur les prés mouillés
ou le longe des lisières immobiles
avec le loir ou le soleil chauve
à naître
à disparaître
dans la courbe des étoiles ocellées
Père de toute fin et des commencements
à l’abri d’une clairière là-bas
avec les colchiques et l’herbe rase
dans le tintement grêle des sonnailles
au plus lointain de la mémoire des feuilles
LE NOM DES PLUIES
Extrait 3
Je vois tomber ses mains blanches
Personne ne pleure pas un cri
rien que les copeaux du temps
le vin tiré la table des bûcherons
Le sang lointain tache la roue d’un paon
[…]
Aimant les tendres pluies dans le sommeil
qui ferment leurs poings d’enfant
Je suis sans voix
sans rêves au trébuchet des nuits
et la hulotte sur les forêts voisines
vient secouer son hochet de sang
LE NOM DES PLUIES
Extrait 2
L’amour guetté comme un gerfaut
à l’étroit dans son vêtement de terre
Tel un songe — des buissons en flammes
l’invisible maison à l’éclat de sève
et le deuil et l’ardente épine
À se perdre dans le souffle il est seul
hôte patient avec sa blouse de feuilles
Sa demeure n’est qu’un arbre
Il va ramassant l’écorce
toutes les clefs de la pluie à la bouche
LE NOM DES PLUIES
Extrait 4
Au versant des collines les passereaux
— voyageurs éduqués par le chant
Ses yeux clos sous la paupière de neige
Un homme récite l’interminable deuil
La nuit découpe les lisières
LE NOM DES PLUIES
Extrait 1
J’aurai suivi toute bête
et la chevêche s’éveille orpheline
Apprenant les traces et le patois nocturne
comme une gerbe s’enroulent les prières
Un pli de la terre retient les chants
d’oiseaux inclassables
Un feu et l’herbe luit — impardonnée