Collectif Droits des femmes

En ouverture Marie Annick Mathieu nous rappelle que « La place des femmes dans le monde du travail et prédéterminée par leur place et leur rôle dans le foyer. Tant que les tâches domestiques ne seront pas partagées à parts égales entre femmes et hommes avec du temps pour toutes et tous pour assumer cette surcharge de travail, tant que ces tâches ne seront pas reconnues et réellement prises en charge par l’ensemble de la société avec des équipements collectifs qui facilitent la vie de toutes et tous comme, par exemple, l’accueil de la petite enfance ou des personnes âgées, nous devrons lutter encore et encore. Et nous savons bien que si les féministes ne sont pas là pour rappeler partout et toujours la situation spécifique des femmes, personne ne le fera à leur place. »



Le forum débat de février 2008, retranscrit dans cette brochure, comportait deux tables rondes « Les femmes en première ligne » et « Tensions entre la vie familiale et vie professionnelle » et trois ateliers « De la nécessité de défendre et développer les services publics, en particulier pour la petite enfance et la santé », « Précarités, luttes et revendications des précaires » et « Démantèlement du droit du travail, tous les travailleurs touchés… combien de travailleuses coulées ? ».



Je souligne la richesse des interventions en insistant particulièrement sur la première table ronde qui comporte quatre textes d’introduction. Françoise Battagliola montre la progression paradoxale du travail des femmes et sa non linéarité « …des métiers changent de sexe, mais toujours dans le cadre d’un changement des processus d’organisation du travail. Dans l’industrie ou le tertiaire la mixité n’est jamais réalisée, sans parler d’égalité des salaires jusqu’à ce jour non réalisée. Autre remarque : les politiques familiales se conjuguent aux politiques d’emploi pour encadrer l’activité des femmes, et ce encore aujourd’hui. » Françoise Milewski puis Pierre Concialdi analysent les spécificités et les facteurs explicatifs de la précarité et pauvreté des femmes « La question de la pauvreté au travail renvoie à une question plus générale, qui est celle de la dévalorisation du travail salarié en raison d’un partage des revenus de plus en plus inégalitaire.» Tania Angeloff tire le bilan de 25 ans de pratique de temps partiel en France, en soulignant que « le travail des femmes n’est jamais définitivement légitime » la survivance et la résurgence du « mythe de l’éternel féminin » et le caractère fallacieux du choix : « Avoir vraiment le choix de travailler à temps partiel ce serait avoir la possibilité de pouvoir choisir son nombre d’heures et pouvoir convertir le temps partiel en temps plein, ce qui n’est pas le cas pour l’écrasante majorité des emplois conçus, pensés et organisés à temps partiel. »



Une brochure à lire et à diffuser largement pour discuter de la construction imaginaire « d’une réalité neutre et objectivable (le temps de l’horloge) » qui « masque les inégalités criantes entre hommes et femmes, mais également entre catégories socioprofessionnelles, entre salariés d’origine française et salariés d’origine étrangère, entre diplômés et non qualifiés. »



Oui, la précarité et la pauvreté sont aussi sexuées.