Le chalet est sur le bord de l’océan, as advertised. En débarquant de la voiture, son regard s’arrête sur le large pendant que son cerveau s’emplit de l’odeur bigarrée faite d’un mélange d’iode, d’algue, de caca et de terre rouge. Son coeur palpite, se gonfle, explose presque devant la glorieuse étendue mouvante. La seule chose à faire : courir, courir vers l’eau, les bras en croix en beuglant « Chanson des collines », comme Julie Andrews dans La Mélodie du bonheur.Margot la suit en gloussant, Émile en marchant mollement.
En se retournant, elle voit Robin qui, faisant écho aux passions d’Anne Shirley sur les VHS de son enfance, met ses mains dans ses poches pour lui jeter une oeillade à la Gilbert Blythe.
Le p’tit frère arrive pas longtemps après avec sa belle Sofiane, qui sent son mal de coeur de femme enceinte se calmer avec le retour à l’immobilité. Élizabeth leur fait de grands signes avec ses bras pour les inviter à la rejoindre. Sofiane est verte.
— Hum… T’as pas l’air bien.
— Arwgf…
— Respire avec moi.
Élizabeth aspire avec sa bouche le sel pulvérisé dans l’air par les vagues et l’expire bruyamment pour donner l’exemple. Sofiane fait comme elle.
Elles ferment leurs yeux. Sofiane se sent mieux. Leurs cheveux s’agitent dans tous les sens en pinçant leurs visages. Élizabeth se dit que, si elles avaient eu à ce moment précis des parapluies, elles auraient pu s’envoler en courant juste un petit peu pour se donner un élan.