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Critiques de Lucain (1)
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La Guerre Civile (La Pharsale)

Lucain était le neveu de Sénèque, stoïcien également, il mourut dans les mêmes conditions, un suicide forcé. Il accepta cette mort, dit-on, avec moins de stoïcisme que son célèbre tonton. En même temps, il était beaucoup plus jeune et sa mort prématurée l’empêcha d’achever cette épopée guerrière et politique imprégnée de philosophie.

Ecrite une centaine d’années après les faits, l’action de La Pharsale se déroule pendant la guerre civile enclenchée par César. Une guerre qui amènera la chute de la République et l’avènement de l’Empire. Oui, La Pharsale c’est un peu les premiers épisodes de Star Wars pour les Romains, une guerre terrible, mais vécue et encore fraîche dans leur mémoire. Sous les yeux de Lucain, il faut s’imaginer César en Dark Vador : « César qui respire la guerre et qui ne se plaît à marcher que par des chemins arrosés de sang.»

Lucain - tout en adressant de cérémonieux, obséquieux et hypocrites éloges à son bon empereur Néron - commence par déplorer cette guerre civile, destructrice, meurtrière, qui a éloigné les Romains de leurs vrais combats et surtout de la liberté. Bien que cette histoire raconte la défaite et la mort de Pompée, c’est lui que Lucain traite en héros, en dernier défenseur de la république, de la liberté et de la patrie, alors que César est prêt à sacrifier les siens pour son unique ambition personnelle.

Le déroulement des évènements est à peu près celui-ci : la traversée du Rubicon, la fuite de Pompée, le siège de Marseille, la campagne d’Espagne, les revers de l’armée de César en Afrique du Nord, la bataille de Dyrrachium, la fameuse bataille de Pharsale, l’assassinat de Pompée en Egypte, la déroute de son armée et enfin la rencontre de César et Cléopâtre. Le récit s’arrête brusquement au milieu du dixième chant, alors qu’il devait en en contenir douze. Peut-être que les deux derniers chants auraient mis l’accent sur Caton qui, après la mort de Pompée, lors de son voyage sur le rivage des Syrtes et à travers le désert de Lybie, est présenté comme l’incarnation de l’idéal stoïcien à suivre.

Un idéal de frugalité, de pauvreté, d’acceptation de la mort et même de sa recherche comme ultime recours à la liberté. L’attitude face à la mort est un thème récurrent dans La Pharsale. Car il y a évidemment des combats et beaucoup de morts. Et comment qualifier ces combats, sinon par ce qu’ils sont ? Epiques, homériques, héroïques et très très sanglants.

Une autre chose qui me paraît importante à souligner c’est la dévotion de Lucain (et d’ailleurs, soit dit en passant, si l’on veut se faire une idée de ce que devrait être la laïcité républicaine, il faut lire Lucain qui traite librement, simplement, sans crispation, toutes les pratiques religieuses avec le même respect et les mêmes doutes, y compris sur ses propres croyances). Contrairement à ces glorieux aînés et modèles de la poésie épique, il ne fait jamais intervenir les dieux dans son récit et il me semble que cela est tout à fait réfléchi et voulu. Il évoque souvent le fatum, la mort comme destin, mais aussi le destin des vies qui ne peut pas être changé, bref il ne croit pas aux dieux interventionnistes mais il croit que tout est écrit, d’où l’importance qu’il accorde aux différents augures, oracles ou à l’astrologie. Sur l’oracle de Delphes il s’interroge : « Quelle divinité se cache si mystérieusement ? Quel est celui des dieux qui possède les secrets du sombre avenir, qui prévoit l’ordre éternel des choses, et qui du ciel daigne descendre dans les entrailles de la terre, y souffrir l’approche de l’homme, et se communiquer à lui ? Grande et puissante divinité sans doute, soit qu’elle ne fasse qu’annoncer ce qui doit être, soit qu’elle ordonne ce qu’elle annonce, et que sa volonté devienne le destin ! » II faut noter que Caton, lui, se détourne de ces oracles : « Que veux-tu que je demande ? Si j’aime mieux mourir libre, les armes à la main, que vivre sous un tyran ; si cette vie n’est rien ; si la plus longue diffère de la plus courte ; s’il y a quelque force au monde qui puisse nuire à l’homme de bien ; si la Fortune perd ses menaces quand elle s’attaque à la Vertu ; s’il suffit de vouloir ce qui est louable, et si le succès ajoute à ce qui est honnête ? Nous savons tout cela ; Ammon ne le graverait pas plus profondément dans nos cœurs. Tous nous tenons aux dieux ; et que leur oracle se taise, ce n’est pas moins leur volonté que nous accomplissons. La divinité n’a pas besoin de paroles ; celui qui nous a fait naître nous dit, quand nous naissons, tout ce que nous devons savoir. Il n’a point choisi des sables stériles pour ne s’y communiquer qu’à un petit nombre d’hommes ; ce n’est point dans cette poussière qu’il a enfoui la vérité. La divinité a-t-elle d’autre demeure que la terre, l’onde, le ciel, et le cœur de l’homme juste ? Pourquoi chercher si loin des dieux ? Jupiter est tout ce que tu vois, tout ce que tu sens en toi-même. Que ceux qui dans un avenir douteux, portent une âme irrésolue, aillent interroger le sort ; pour moi, ce n’est point la certitude des oracles qui me rassure, mais la certitude de la mort. Timide ou courageux, il faut que l’homme meure. Voilà ce que Jupiter a dit, et c’est assez. »

En ce qui concerne le style, le ton de La Pharsale est forcément grandiose, terrible, comme l’exige le genre ; ce sont toutes les forces du monde, tous les éléments, qui soudain se déchaînent avec cette guerre civile. Et Lucain a aussi une certaine tendance à étaler sa culture, ses connaissances géographiques, astronomiques en particulier, mais aussi historiques, mythologiques, ethnographiques ou zoologiques.

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