Mon objectif va au-delà du divertissement de mon lecteur. Je veux dire et révéler, car j’en ai les preuves, que nous sommes loin de tout voir et de tout savoir. L’inconnu borde nos vies, de vastes destins maillent nos existences et la mort de notre corps n’est pas une fin, simplement une étape.
La mort n’est qu’une source de vies multiples.
D’aussi loin que je me souvienne, je suis familière avec le monde de l’Invisible. Tout enfant, je voyais le «surnaturel» comme une évidence. Mais je conçois l’étonnement légitime de ceux qui n’y ont jamais été confrontés.
Je goûte une sensation d’unicité, de complétude ABSOLUE. Le terme «extase» s’impose. La raison chavire sous les déflagrations d’émotions d’une puissance inconnue. J’éprouve un bonheur nucléaire. Je suis ravagée de bonheur. Et mon esprit clair comme un cristal, démultiplié par ce qui le complète, s’ouvre plus encore et fait entrevoir des profondeurs et des forces inouïes. Rien de ce qui est nous n’est ignoré par moi. Je me laisse aller dans cette réunification des deux parties d’un même être.
«Je» et «nous» deviennent de simples synonymes.
Je savoure – nous savourons – un bonheur si intense, si parfait que rien sur terre ne peut lui être comparé ! Et nos pauvres mots, encore une fois, échouent à exprimer ces sensations.
Pourtant, à cette allégresse se mêle rapidement un sentiment de déchirement tout aussi puissant. Nous savons que ce moment est unique et que, la mort dans l’âme, nous allons devoir nous scinder encore une fois à mon réveil. Mot paradoxal car c’est mon réveil qui endort finalement l’essentiel de mes perceptions.
Les premières leçons de catéchisme arrivèrent. À cette époque, on nous imposait d’apprendre et de réciter par cœur des préceptes figés. À la question :»Où est l’âme avant de naître ?», il fallait répondre: «Dans les limbes». Mais moi, ce jour-là, je me suis insurgée et j’ai affirmé haut et fort : «Non, Monsieur le Curé, ce n’est pas ça ! Moi, je me souviens où était mon âme avant. J’ai déjà vécu avant...».
Je n’oublierai jamais le regard ébahi puis courroucé de ce brave homme !
Tout est donné en son temps. C’est une des grandes leçons que l’on apprend dans les contacts avec l’Invisible. Les révélations peuvent s’échelonner sur plusieurs années.
Les contours de ce monde se brouillent à nouveau, je me trouve dans un troisième lieu. Je ne Le vois plus, Il n’est plus visible mais je «L’entends» qui me parle. Ce sont des mots d’amour. Je le regrette fort mais, au réveil, je ne serai plus capable de me les remémorer.
La fleur s'épanouit là où le livre surgit et tu renais quand mon hommage apparaît.