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Citation de frgi


« Mon père frappait ma mère. Ma mère frappait mon père. Mes parents se battaient. Souvent. Mon père gagnait. Toujours. Ma mère perdait. Toujours. C’est ce que mon père pensait. C’est ce que ma mère croyait. Mais mon père perdait. Petit à petit. Mon père a perdu. Mon affection. Ma considération. Au fur et à mesure des bagarres. À chaque coup porté. Un peu plus. À chaque menace. Un peu plus. À chaque brimade. Un peu plus. Il perdait. Ma mère a fui. Un jour. Elle n’est pas rentrée. Un soir. On est restés seuls. À l’attendre. Ma mère n’est pas rentrée. Elle a gagné sa liberté. Elle a volé la nôtre. Ma mère a gagné. C’est ce qu’elle croyait. Mon père était perdu. C’est ce qu’elle voulait. Mais elle m’a perdu. Moi. Chaque jour un peu plus. Chaque semaine un peu plus. Neuf mois d’assistance publique, ça vide un cœur. Ce n’est pas bien gros le cœur d’un enfant de 11 ans. Cela se vide vite. En grandissant, je crois que j’ai passé mon temps à essayer de le remplir. Ce cœur vide. Le plus possible. Avec une obsession. Un but. Aimer une femme. Le plus possible. Le plus longtemps possible. Aimer mes enfants. Le plus possible. Et qu’ils m’aiment. Le plus possible. J’ai mis du temps à accepter. À comprendre. À pouvoir reprendre ma mère dans mes bras. Il aura fallu une maladie. Terrible. Lente. Mais j’ai vu dans ses yeux qu’elle était fière. Heureuse. Le petit cœur vidé était plein. À nouveau. Une petite parcelle était pour elle. »
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