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Citation de Apoapo


3. « Me voici donc pur produit du patriarcat. Blesser ou frustrer un homme, ça me semblait bien pire que de passer un moment nul au lit, sans aucune contrepartie, à faire des choses sexuelles que je n'avais pas envie de faire, ou du moins pas avec lui, ou pas à ce moment-là, ou pas de cette façon-là. Mon corps appartenait plus aux hommes qu'à moi.
La première fois que je me suis prostituée, cette sensation, que j'avais si souvent ressentie dans les rapports sexo-affectifs plus ou moins désirés avec les hommes de mon entourage, a disparu. Idem pour les passes qui ont suivi.
Si le sexe avec un client est chouette, tant mieux. Si le sexe avec un client est nul, tant pis. Quoi qu'il en soit, à la fin, je repars avec une contrepartie : mon fric et le sentiment, qui n'a pas de prix, que mon corps est pleinement à moi. Je ne vends pas mon corps quand je suis pute, je ne le loue même pas. Je suis juste payée pour un service. Je me sens plutôt comme une infirmière du sexe, ou même, souvent, une infirmière de la tendresse. » (pp. 102-103)
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