AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


 Tel quel
Les Américains et les Français épinglés par Stanley Hoffmann

Cet entretien a plus de 30 ans, il a été publié dans Tel Quel 71-73, « Spécial Etats-Unis », automne 1977. Les propos de Stanley Hoffmann(*) ont été recueillis à Harvard, par Nancy Blake.

(*) Professeur de sciences politiques à Harvard, né en 1928 en Autriche,
Stanley Hoffmann a toujours été au carrefour de deux cultures. D’une part, il a poursuivi ses études de droit et de science politique en France, où il était arrivé à l’âge de deux ans. D’autre part, il s’est très vite installé aux États-Unis (1955), au c ?ur de la guerre froide, pour enseigner dans la prestigieuse université de Cambridge, Harvard (Massachusetts). Particulièrement attentif à l’évolution des relations transatlantiques, il peut, ainsi, nous faire profiter d’un double regard : à la fois européen et américain.


Contenu daté ? Dépassé ? Jugez vous-même ! Extraits :

N. BLAKE : ...De toute manière les Français discutent plus que les Américains.

S. HOFFMANN : C’est très drôle, vous savez, le style des discussions est tellement différent. Ici, on minimise les oppositions. Ce qui donne des choses ahurissantes. Par exemple, on engage des projets où on laisse très soigneusement tous les problèmes importants pour la fin parce qu’on sait qu’on n’est pas d’accord. Alors on commence par les questions secondaires, qu’on règle. Ensuite, une fois le climat créé, on en vient aux problèmes importants, qui, en principe, commandent tout le reste. On procède comme une écrevisse, on fait tout à l’envers. En France, c’est le contraire. Le résultat, c’est que, comme on commence par ce qui divise les gens, on arrive très souvent à rien. Du point de vue de la satisfaction de l’esprit, c’est plus logique, mais pas très efficace. Ici, c’est parfaitement exaspérant du point de vue intellectuel, mais ça marche.

Prenez le style des discussions en France, ce sont toujours des monologues juxtaposés. On maximalise les différences entre les gens. Ici ce sont des méandres interminables ; personne n’y trouve son compte. Je suppose que les gens apprennent cela à l’école. Je ne sais pas, je ne suis pas allé à l’école en Amérique. Mais je suppose que cela doit tenir de la façon dont on apprend aux enfants de travailler ensemble, de minimiser les questions de personnes. La facilité, à l’Université, qu’ont les gens qui se détestent de travailler ensemble n’a pas, après vingt ans fini de m’étonner. On met ça entre parenthèses. Cela explique, par exemple, que vous pouvez avoir des phénomènes de contestation, comme ceux de 68-70, et que cela ne laisse pas beaucoup de traces. Or, quand on revient de l’Université française, on a l’impression que tout reste encore empoisonné par les prises de position d’il y a huit ans.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}