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Citation de SZRAMOWO


Monsieur le prieur, jugeant à son accent qu’il n’était pas
Anglais, prit la liberté de lui demander de quel pays il était. « Je
suis Huron », lui répondit le jeune homme.
Mademoiselle de Kerkabon, étonnée et enchantée de voir un
Huron qui lui avait fait des politesses, pria le jeune homme à
souper; il ne se fit pas prier deux fois, et tous trois allèrent de
compagnie au prieuré de Notre-Dame de la Montagne.
La courte et ronde demoiselle le regardait de tous ses petits
yeux, et disait de temps en temps au prieur : « Ce grand garçonlà
a un teint de lis et de rose! Qu’il a une belle peau pour un
Huron! — Vous avez raison, ma sœur », disait le prieur. Elle
faisait cent questions coup sur coup, et le voyageur répondait
toujours fort juste.
Le bruit se répandit bientôt qu’il y avait un Huron au prieuré.
La bonne compagnie du canton s’empressa d’y venir souper.
L’abbé de Saint-Yves y vint avec Mademoiselle sa sœur, jeune
Basse-Brette, fort jolie et très bien élevée. Le bailli, le receveur
des tailles, et leurs femmes furent du souper. On plaça l’étranger
entre Mademoiselle de Kerkabon et Mademoiselle de SaintYves.
Tout le monde le regardait avec admiration; tout le monde
lui parlait et l’interrogeait à la fois; le Huron ne s’en émouvait
pas. Il semblait qu’il eût pris pour sa devise celle de mylord
Bolingbroke : nihil admirari. Mais à la fin excédé de tant de bruit,
il leur dit avec assez de douceur, mais avec un peu de fermeté :
« Messieurs, dans mon pays on parle l’un après l’autre; comment
voulez-vous que je vous réponde quand vous m’empêchez de
vous entendre? »
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