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Critiques de Șerban Cioculescu (2)
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Istoria literaturii române moderne

C’est à la fin de la guerre, en 1944 que paraissait à Bucarest cet ouvrage de référence dans l’histoire de la critique littéraire roumaine : L’Histoire de la littérature roumaine moderne (les débuts de la littérature artistique).



En collaboration avec Vladimir Streinu et Tudor Vianu, Şerban Cioculescu réalisait avec un talent certain et beaucoup d’érudition les portraits des premiers écrivains roumains : Vasile Cârlova, Gheorghe Asachi, Ion Heliade Radulescu, Constantin Negruzzi, Grigore Alexandrescu, Mihail Kogalniceanu, Nicolae Bălcescu, Alecu Russo, Vasile Alecsandri, Dimitrie Bolintineanu, Nicolae Filimon, Alexandru Odobescu, Bogdan Petriceicu Hasdeu, Ion Ghica et Ion Codru Drăgușanu.

Chaque portrait décrit l’homme dans le contexte de son époque. Ces synthèses sont remarquables d’originalité et modernes dans leur conception.



Selon la préface de Barbu Cioculescu, il s’agissait à l’origine d’une commande du ministre de l’Enseignement, ce qui explique en partie le caractère didactique du propos en général.



Le livre connaîtra deux autres éditions en 1971 et 1985 et un grand succès.



Peu avant sa mort, en 1988, l’auteur se confesse : « Vladimir Streinu a traité de l’esthétisme de la fin du siècle, Tudor Vianu du mouvement Junimea, un chapitre très solide, et moi j’ai fait, en plus de l’introduction, des petites monographies de 10 à 12 écrivains plus importants, en y introduisant aussi Ion Codru Drăgușanu, une autre de mes passions. J’ai écrit énormément sur lui et je crois que je le connais mieux que toute la Roumanie ! ».



Moi je ne connaissais pas Ion Codru Drăgușanu avant d’ouvrir ce livre que j’ai lu le « stabilo » à la main. J’ai beaucoup apprécié les extraits des œuvres sélectionnés par le critique et judicieusement mis au service des jugements de valeur émis dans le livre.
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Introduction à la poésie de Tudor Arghezi

Précisons d'emblée que la traduction, réalisée en Roumanie, est assez imbuvable et truffée de fautes d'orthographe ou de frappe, on ne sait pas toujours très bien. C'était cependant une époque où l'on traduisait encore des critiques du roumain vers le français… Celle-ci est assez subtilement menée, et je commence par en situer les acteurs.

Tudor Arghezi est une sorte de monument, qui fait la jonction entre les poètes "légendaires" roumains, Mihai Eminescu ou son opposant Alexandru Macedonski, qu'il a connu et les modernes, comme Ion Vinea, Tristan Tzara, plus tard Gellu Naum, voire Leonid Dimov. Son œuvre est d'une indéniable variété entre le fantastique, la prose, la poésie, les œuvres pour enfants, le journalisme, les pamphlets, sa vie aventureuse (prison, exil, maladie, réhabilitation). Il a apporté des choses à la littérature roumaine: la prison, la saleté, sur le fantastique, la poésie plus ou moins obscure, ou même la poésie pour enfants il a été précurseur.

Politiquement, il est bien plus controversé: anarchiste à ses débuts, il est devenu plutôt patriote, croyant et partisan de la dictature royale et a fini par être réhabilité en grande pompe par le régime communiste, sans être véritablement opportuniste (dans la mesure où il a payé entre autres par la prison nombre de ses positions).

Cioculescu était un partisan de la paysannerie de gauche réformiste (sic, en Roumanie, cela existait !), mais dans l'ensemble assez indépendant (pas impliqué ni dans la dictature royale ni dans le régime légionnaire, ni dans le règne de Gheorghiu-Dej et autres). Il a fini par plus ou moins s'intégrer au communisme, sans reconnaissance comparable à celle d'Arghezi, mais sans être mis à l'index. Son livre sur Arghezi aborde tous les aspects de son œuvre et les éclaire, par des centaines de citations et commentaires, à comparer avec l'anthologie sortie aux éditions La Différence qui regroupe une douzaine de poèmes.

Sous les apparences d'un panégyrique (Dieu sait qu'à l'époque il pouvait difficilement publier quelque chose qui n'y ressemble pas), Cioculescu critique subtilement l’œuvre d'Arghezi. La première partie répond à la question: Arghezi est-il un poète obscur? La démonstration tend vers la négative, mais les multiples exemples, qui éclairent du reste remarquablement les poèmes cités, dénotent la difficulté de parvenir à déchiffrer les significations et connotations du grand poète. Sur sa période anarchiste, une citation à brûle-pourpoint suffit à exhiber sa tendance à l'antisémitisme: "Que ma pensée lance des langues de feu / Dans leur synagogue bâtarde". La dernière partie évoque la conversion opportune du royalisme orthodoxe au mysticisme de la révolution sociale, envisagée comme "l'unique solution logique".

C'est le paradoxe et la force du livre de Cioculescu : en critiquant Arghezi, il donne envie de le lire !
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