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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Cherechiu , le 26/04/1922
Mort(e) à : Bucarest , le 25/05/2002
Biographie :

Ștefan Augustin Doinaș est le nom de plume de Ștefan Popa.

Poète, essayiste, traducteur, prisonnier politique et académicien politicien roumain, sénateur dans la législature 1992 - 1996 élu en Bucarest sur ​​les listes des partis Parti Alliance civique.

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Bibliographie de Stefan Augustin Doinas   (2)Voir plus

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Stefan Augustin  Doinas
Ce jour on se sépare

Ce jour on ne chante plus, ni on se marre.
Debout au début d’une charmeuse ère
ce jour on se sépare
tel que les eaux se séparèrent des terres.

Tout est si naturel dans notre pensée.
Chacun se dit : C’est tout ce qui devait arriver …
Près de nous, l’ombre bleutée
témoigne des réfléchies vérités.

Sous peu de temps tu seras l’azur des marées
moi je serai la terre avec toutes les errances.
Des grands oiseaux te chercheront aux orées
portant dans la gorge arômes, pitance.

Les gens penseront que nous sommes adversaires.
Entre nous deux, le monde se tiendra figé
comme une vieille forêt centenaire
remplie de bêtes en fourrure rayée.

Personne ne saura qu’on est tout proches et frêles
et que, le soir, mon être entier,
comme une rive qui par l’eau se modèle,
prend la forme oubliée de ton corps altier.

Ce jour on ne s’embrasse pas, ni on se désire.
Debout au début d’une charmeuse ère
ce jour on se sépare
tel que les eaux se séparèrent des terres.

Sous peu de temps tu seras du ciel un ourlet,
moi je serai le soleil noir, un sol gras.
Sous peu de temps le vent aurait soufflé
Sous peu de temps le vent soufflera …
*
Traduit du roumain par Cindrel Lupe
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Stefan Augustin  Doinas
Psaume 3

où s’envole

une fusée grand-père père-fils trois fois se
défait de soi en se détachant lentement
de la terre comme un message d’inquiète
joie balle de votre amour
comme une frivole nouvelle envoyée du néant
du plein d’ici-bas comme un spasme lumineux
de la matière dont son diaphragme tourmenté
qui oscille entre vomissement et rire entre multiples
segments de noir bien collé sur du noir
quel lent développement à la lumière de Sirius
de votre histoire ! Quelle mince pellicule !
que les yeux prudents lisent en négatif
et se demandent clignotant – pour aller où ?

et ma voix comme un commandement criant

retournez toutes les rampes vers l’intérieur !
mourrez pour renaître vers les forêts de l’âme
avec des houlettes pour séparer les mers nous voici
tous
en chemin vers l’Être

« une nuit en renseigne une autre sur Lui »

(traduit du roumain par Pierre Oster et Dumitru Tsepeneag)
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Stefan Augustin  Doinas
Poème

Au début, il y eut le mot AMOUR.
Ta respiration arrivait jusqu'à moi,
étrange, comme le souffle d'une brise, et le vent
s'attardait autour de nous, comme une mystérieuse respiration.
Je ne me rappelle de ce temps-là que
les lieux ombreux par où nous passions
et le ciel haut. Tout le reste, s'il vient encore,
je le rencontre par hasard, comme toi.
La même horloge toujours sonnait l'heure ;
le même son toujours, la même heure :
comme si toutes choses par le monde avaient eu
une seule mort dans un même cœur.
En vain j'écarte le voile de la brume :
les arbres s'inclinent avec leurs branches
et nous demeurons seuls dans les ténèbres
comme un profond débordement d’eaux.
Au début il y eut mon rivage, ton rivage,
et entre nous l'AMOUR, tel un océan mort.
La première fois, le soleil, tandis qu'il passait
de l'un
à l'autre,
tomba, oiseau d’or tué, dans les flots.

Ensuite, à notre insu, les créatures rapaces
descendirent des rivages, errèrent sur les eaux.
Cela dura des milliers d’ans. Puis, sur le tard,
des animaux marins vinrent mordre aux rivages.

À présent nos contours rongés ressemblent
au profil des continents : et nos cœurs,
comme la fleur inconstante de l'écume de la mer,
se brisent dans les vents, se dessèchent sur les récifs.
Au début entre nous il y eut un seul mot.
Maintenant des centaines de mots morts s'animent,
lorsque ta respiration arrive jusqu'à moi,
étrange, comme le souffle d'une brise…

(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
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Stefan Augustin  Doinas
Jets d’eau

Si fraîche l’âme des fontaines
que jusqu’au ciel
mille syllabes d’eau comblent l’espace.
Au milieu de la place,
rhapsodes pour les foules
fines
et immobiles,
en arc elles transforment
tous les mots de l’été brûlant.

Elles palpitent
et chantent jour et nuit,
pour ne se taire
que baisées sur la bouche.

(traduit du roumain par Alain Bosquet)
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Stefan Augustin  Doinas
Séparation

La distance entre nous devient éclair,
et des oiseaux volent par la cendre chaude
avec des cris livides. Et l'étranger
qui vite passe, ainsi qu'un coureur,
ne sent point, hélas, que sa poitrine a rompu
un mince ruban qui luisait,
désespérément, entre nos yeux…

(en français par Aurel George Boeșteanu)
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Stefan Augustin  Doinas
Les psaumes de la télévision

Psaume 7

où comme dans les livres

feuilletés au hasard et lus en coups de vent
les mésaventures de tous se mélangent dans ces pages
le passeport des martiens est expiré l’espace
a cessé d’être complice du temps
et des pharaons tiennent leurs règnes bien haut et leur nom
et des empereurs se lèvent d’un sobriquet
et des continents se séparent avec des profils inversés
et des dinosaures passent voici les mammouths et les ours
des idoles s’enterrent avec du sang et des iguanes avec des fleurs
une pomme qui tombe divulgue les lois des soleils
multiplié le syrinx tonne dans les cathédrales
les criquets ont péri arrivent des essaims d’objectives
les nautoniers crient terre ! les armées thalassa ! Thalassa !

et ma voix comme une vestale qui annonce

le feu est allumé dans l’âtre et l’eau est bénite
vous pouvez consulter les entrailles du baromètre
vous serez toujours tribu qui ne voit pas
mais qui crie
l’Être ! L’Être !

« car ma part d’héritage est le Seigneur »

(traduit du roumain par Pierre Oster et Dumitru Tsepeneag)
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Stefan Augustin  Doinas
Les psaumes de la télévision

Psaume 2

où apparaissent

des mains lumineuses comme de petits, d’agiles
animaux indépendants du maître corps
animaux libérés de la tutelle
du cœur qui servait seulement le cerveau
des mains qui égrènent le fils des bobines
établissent des contacts des connexions et branchent
des appareils sur des sources électriques et les sources
sur les soleils hypothétiques des mains qui se prolongent
avec des doigts délicats mais virils
dont l’ongle fin guette le moment
d’appuyer sur des claviers sur des boutons
des mains qui naissent et détruisent en délire
en agitant sur le monde le signe adieu

ma voix consolatrice qui dit

soyez calmes écoutez un autre tic-tac
dans un gîte d’herbe tendre repose
la bombe toujours amorcée apocalyptique
et secrète de la patience de l’Être

« l’obscurité lui servait de couverture ».

(traduit du roumain par Pierre Oster et Dumitru Tsepeneag)
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Stefan Augustin  Doinas
Une balance d’écume

Sur la balance des pruniers, le soir,
intacte tu étais, semblable à un cœur dans la rosée.

Il approchait, il s’acharnait, le taureau : front
délirant entre les cornes noires,
comme un bourdon enfermé dans le tambour de la noce ;
et il tournoyait, il donnait des coups de cornes dans la buée,
il tremblait dans son obscure exultation couverte de poils
exultation du feu gourmand de l’herbe,
il nous assourdissait sur le galop frénétique des astres !

J’ai rêvé. Peut-être tout un siècle. J’ai vu près du moulin
des libellules qui se désaltéraient dans les étangs ;
j’ai entendu sonner, ce n’était nul parent et partout
de fragiles dés taillés dans l’os ; soudain
l’équilibre se défit ; telle une tempête de neige à travers
les branches,
ton cœur m’emporta ; on eût dit un souffle lumineux dans
les airs.

(traduit du roumain par Pierre Oster et Dumitru Tsepeneag)
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Le sanglier aux crocs d'argent

Un prince du Levant amoureux de la chasse
Suivait son chemin par la sombre forêt.
Peinant à couper dans les buis une trace
Siffla dans une flûte en os et disait :
– Ensemble chassons dans les bois sans relâche
le sanglier au crocs argentés, si hideux,
qui change toujours dans le trou qui le cache
sabot et fourrure et son œil vitreux…
– Bon Maître, disaient les servants de battue
Aucun sanglier ne passe par ici.
Il vaut mieux rabattre le cerf, qu'on le tue,
ou les renards rouges, ou le lièvre petit.
Mais le prince passait souriant et volage
les teintes des arbres de ses yeux admirant,
laissant dans sa couche la biche si sage
et le lynx qui rit de ses yeux étincelants.
Sous les hêtres il poussa légèrement les fourrés :
– Voyez comme il laisse sa marque pour moi
le sanglier aux crocs argentés, à proximité
allons le piquer à la flèche des bois !…
– Bon Maître, c'est l'eau qui clignote sous le bois,
disait le jeune page au regard insolent.
Mais lui rétorquait en tournant : – Oh, tais-toi…
Et l'eau clignotait comme un croc en argent.
Sous les aulnes, il hâtait des battues dispersées :
– Voyez comme renifle et gratte les bruyères
le sanglier aux crocs argentés, des contrées :
allons le frapper d'une flèche en fer !…
– Bon Maître, c'est l'herbe qui crisse sous les bois,
disait le jeune page hardi et souriant.
Mais lui rétorquait en tournant : – Oh, tais-toi…
Et l'herbe luisait comme un croc en argent.
Sous les pins il cria haranguant vers les cimes
– Voyez où il trouve son repos et son lieu
le sanglier aux crocs argentés, des abîmes :
allons le frapper d'une flèche de feu !…
– Bon Maître, c'est la lune luisant sur les bois,
disait le jeune page en riant, méprisant.
Mais lui rétorquait en tournant : – Oh, tais-toi…
Et la lune brillait comme un croc en argent.
Mais hélas ! Sous les pâles astres des nues
il était vers les vêpres sur la source penché,
quand l'immense sanglier, de ses crocs le tue
en le piétinant sauvage dans le rouge gravier.
– Quelle bête étrange me tue de mort lente
mettant fin à la chasse de mon sanglier ?
Quel oiseau funèbre dans la lune crie plainte ?
Quelle feuille flétrie ne cesse de me chatouiller ?
– Bon Maître, le sanglier aux crocs d'argent poli,
lui-même te tua, en grognant, sous les bois.
Écoute, tes limiers aboient le hallali…
Mais le prince rétorqua en tournant : – Oh, tais-toi…
Plutôt prend le cor et donne le holà
Et sonne jusqu'à ma mort, vers le ciel des dieux.
Alors sous les crêtes la lune se coucha
Et le cor sonna, sonna… mais si peu.

(traduction de Mistrețul cu colți de argint [voir mon autre citation] par Cindrel Lupe, dans Andreia Roman et Cécile Folschweiller, Littérature roumaine, tome IV, p. 97 et 99)
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Stefan Augustin  Doinas
L'instant de la rupture

Le vide se creuse, entre nous, fulgurant.
Des oiseaux aux cris livides
volent à travers les cendres chaudes. Et l'étranger
dans sa folle course
ne sent, hélas ! que sa poitrine
a déchiré le ruban fin, qui luisait,
désespérément, entre nos regards.

(traduit du roumain par Andreia Roman)
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