Citations de A.S. Nebojsa (4)
Monika se demande pourquoi la beauté ne s'enfuit pas quand vient la douleur.
Le mal devrait être hideux mais, chaque fois qu'elle le rencontre, Monika est frappée par la splendeur étrange et crue qui le voile. La délectation étrange d'un corps vaincu, la résignation touchante des êtres sans vie et sans fard. (...)
Le plus grand mystère de l'existence, c'est d'être si magnifique au coeur des plus grands drames.
La violence, chez les gens simples et pauvres, est si souvent une amie consolatrice.
Mais les autres n'ont pas de surnom bien à eux ; elle, si.
Les victimes d'hier désignent leurs bourreaux déchus par leurs nom et prénom. Du sang ou de la terre sur les mains, ils sont tous les mêmes.
Mais elle, elle a un surnom rien qu'à elle.
Elle est tellement insaisissable, incompréhensible, que les gens, ébahis, ont resentis le besoin de la rebaptiser. Ils l'ont transformée en entité, en divinité terrifiante.
La voici propulsée sainte patronne des enfants déchus de leur innocence et guide suprême de la fragilité trompeuse.
La toute petite fille monstre.
La peau ne fait pas l'ange. Celle de Monika est sans cesse parcourue de frissons diaboliques. Personne ne veut l'admettre. Ce serait trop dangereux. Trop terrifiant. A qui se fier quand les enfants blonds et dociles sont des égorgeurs ?
Goran la tient au bout de son flingue. La gosse le regarde droit dans les yeux. Sa mère et sa soeur tremblent dans les bras l'une de l'autre contre le mur du fond. Les silhouettes des trois femmes, clouées au sol par la lumière blafarde, tremblent comme un théâtre d'ombres indociles. Elles s'étirent à en perdre leurs contours humains, obscurs doubles apeurés rampant sur le sol usé.
La plus jeune, la plus frêle, reste seule au milieu de la scène, abandonnée, offerte par les deux autres en sacrifice. Mais elle se fout de la dérisoire fragilité de ses membres maigres. Le menton relevé, elle défie Goran.