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Citation de enkidu_


Les deux aspects de la vérité, la métaphysique et le religieux, aspect intérieur et aspect extérieur, que René Guénon appelait « ésotérisme » et « exotérisme », dans l’acception étymologique de ces termes, ne sont pas opposés, mais complémentaires. En effet, d’un côté, il ne peut y avoir de religion véritable sans métaphysique, de l’autre, la vérification de l’authenticité d’un ésotérisme réside précisément dans l’orthodoxie religieuse ; si bien que toute pratique rituelle, si elle est vraie, ouvre à une anticipation des états métaphysiques.

Si nous devions prendre comme exemple la prière rituelle islamique, as-salâh, nous verrions qu’elle se compose, au-delà de la purification préalable symbolisée par l’ablution rituelle et la récitation liturgique de chapitres du Coran, dans la langue sacrée de la Révélation, de trois « moments gestuels » représentés par la position debout, l’inclinaison et la prosternation.

La station debout nous rappelle la dignité de l’être humain, unique dans la création, qui tend, dans sa verticalité, vers Dieu « à l’image et à la ressemblance » desquelles l’homme est fait – ou « selon la Forme des qualités divines », d’après la tradition prophétique ; l’inclinaison renvoie à la soumission devant la Majesté divine, dans l’acceptation du destin compris comme la Volonté de Dieu ; la prosternation constitue enfin l’anticipation de cet état d’annihilation de l’individu qui s’éteint dans la conscience de la Présence immanente de Dieu.

Ces trois attitudes correspondent aux positions de l’homme qui se tient avant tout debout, même quand le monde est en train de s’effondrer, puis s’incline devant une Volonté qui le transcende, et s’unit enfin à cette transcendance dans l’annihilation de soi-même. Or, il se trouve que les lettres arabes qui composent le nom divin Allâh sont un alif, ou « a », représenté par un trait vertical, un lâm, la lettre « l » écrite en majuscule, de droite à gauche naturellement, avec un trait à angle droit, et un hâ, ou « h aspiré » final, comme un cercle replié sur lui-même. Ces lettres rappellent les trois moments gestuels de la prière.

Il s’agit là de la représentation d’un « symbole agi », comme Guénon définissait le rite, qui porte en lui la possibilité de réunir l’homme à Dieu dans la gestuelle humaine. La représentation sacrée de Son nom est la préfiguration physique de la réalisation des états de l’Être, par l’intériorisation contemplative de la doctrine et des énoncés dogmatiques et sapientiaux.

La conjonction entre les principes métaphysiques et la pratique religieuse, dans la réunion de l'intention et de l'action, est semblable aux deux fragments de l'épée du roi Arthur : une garde qui donne la direction droite et une lame bien effilée dans le discernement, inutiles l'une sans l'autre, mais parties complémentaires de l'homme à la recherche de sa propre intégration et intégrité. (pp. 62-63)
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