Critiques de Achille F. Ngoye (1)
Je dois à polars_urbains cette première excursion dans le polar africain, un classique du genre semble-t-il, publié dans la série noire de Gallimard. Pour ce que je sais du polar, du moins dans sa veine Antonine, les ingrédients sont une affaire mystérieuse et contournée qui trouve un débouché rationnel dans les dernières pages, plus une parole mystérieuse et contournée faite d’argot et de périphrases pour cruciverbiste, plus des spécimens d’enquêteurs, flics, victimes et malfrats, plus un décor. Ici le mystère de l’intrigue est doublé du mystère de l’argot et triplé de celui de l’africanisme local (un glossaire ne traduit qu’une partie des termes entre guillemets), les spécimens sont les militaires locaux et leurs deuxièmes bureaux, les rapatriés — belgicains et euroblacks — les oncles, les enfants de la misère, les albinos et les sorciers. La musique, la cuisine et les femmes sont très présentes. Le décor est Kinshasa à la fin du Zaïre (maintenant RDC), ville immense dans l’immense pays en déliquescence, avec toutes les tares et séquelles d’une kleptocratie qui survit sans désemparer à Mobutu et au Zaïre. A se demander si Ngoye a écrit son roman sur place, dangereusement, ou plus sereinement à Paris.
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