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Citation de Charybde2


C’est avec la lettre que ça a commencé.
Roy, lui, situerait sans doute le début de cette histoire au moment où il a résolu le paradoxe de Fermi, lorsqu’il a atteint (dixit) la lucidité. Un bien grand mot, si vous voulez mon avis : je lui préfère maladie. Maladie mentale. Sans doute lui-même en conviendrait-il, désormais. Vu le nombre de psychiatres qui se sont penchés sur son cas. Toujours est-il que Roy le reconnaît lui-même dans les nombreuses missives qu’il m’a adressées depuis son asile. Il envoie également divers manifestes et communications aux journaux, si j’ai bien compris. Dans chacune de ses lettres, il prétend avoir enfin résolu le paradoxe de Fermi. Si tel est le cas, je ne m’attends pas à voir mes cauchemars s’atténuer de sitôt.
Parce que je fais des cauchemars, ça, oui. Des cauchemars viscéraux. Je me réveille en sueur, et en pleurs. Si Roy se fourvoie, peut-être s’atténueront-ils avec le temps.
Mais vraiment : tout a commencé avec la lettre.
Je me trouvais en Antarctique avec Roy Curtius, à des centaines de kilomètres de toute civilisation. C’était en 1986, lors d’une soirée polaire longue de plusieurs semaines précédant une nuit polaire longue de plusieurs mois. Notre travail consistait à traiter les données astronomiques brutes provenant de Proxima et d’Alpha du Centaure. Ce qui revient à dire qu’on cherchait des preuves d’une vie extraterrestre. Certaines bizarreries avaient été détectées dans les émissions radioastronomiques provenant de cette partie du ciel, et nous avions pour mission d’examiner ça d’un peu plus près. On nous avait confié d’autres études scientifiques, histoire de rentabiliser notre présence sur place, mais c’était la recherche de vie extraterrestre qui occupait l’essentiel de notre temps. On entretenait l’équipement, on faisait un premier tri dans les données – dont on transmettait la majorité au Royaume-Uni, pour qu’elles y soient analysées plus en détail. Vu que je vais dire un certain nombre de choses désobligeantes sur Roy dans les pages qui suivent, je vais commencer par lui concéder ceci : ce type était un genre de génie de la programmation – alors même, ne l’oubliez pas, que « l’informatique » en était encore à ses balbutiements à la fin des années 1980.
La base était située aussi loin que possible de toute pollution, tant lumineuse que radio. Il n’existait pas d’endroit plus isolé sur cette planète.
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