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Citation de Charybde2


Pour comprendre la suite, il faut vous représenter la situation. J’avais mes deux pièces donnant sur la grande cour commune à côté de la pièce de ma belle-sœur, puis celle de ma belle-mère (avec télé et foule de femmes toute la journée), puis la cuisine et toutes les resserres. Dès que l’on sortait de la cour, on tombait sur le désert avec, à deux cent mètres de là, un site archéologique. Entre les deux, majestueuse, l’immense tente blanche que des Koweïtiens avaient offerte à mon beau-père, à la suite d’une chasse mémorable, si j’ai bien compris. Les Koweïtiens venaient en Syrie pour chasser, ça donnait lieu à des arrivées incroyables et des départs encore plus stupéfiants, je vous raconterais une autre fois. Mon beau-père avait beaucoup de contacts koweïtiens puisqu’il organisait des chasses pour eux avec ses cousins et parce qu’il avait une réputation indiscutable en matière de santé de faucon.
Par ailleurs, mon beau-père était le maire des cinq villages autour de nous. Au départ, je ne me rendais pas du tout compte de la population que ça représentait parce que dans le désert on ne se serre pas, mais en fait, on parlait au moins de trois mille personnes qui devaient passer par lui pour toutes les opérations administratives officielles, ce qui n’est pas rien, surtout en Syrie. De plus, dans la mesure où il avait épousé la fille du cheikh, au sens tribal bédouin du terme, et qu’il était lui-même fils du cheikh précédent, c’était un homme d’un pouvoir inégalé dans le coin.
Il avait donc sa tente, dans laquelle il recevait toute la journée, assis sur ses coussins, avec, sur sa droite, l’unique ligne téléphonique à vingt kilomètres à la ronde. La doublure intérieure de la tente était un genre de tissu indien vert profond magnifique et le sol était recouvert de tapis, et on a même eu, parfois, un poêle à bois, en hiver. D’ailleurs c’était une tente d’hiver fermée (Kheimé) par opposition à la tente d’été ouverte, qui correspond plus à la version de l’imaginaire collectif, avec son pan entier ouvert vers le désert (Beit Char). C’est très varié, l’univers des tentes.
À gauche, à l’extérieur, devant la porte de la tente, sur un support toujours un peu improvisé, le faucon blanc et beige saluait les visiteurs de son œil pourtant peu avenant. Inutile de dire qu’il avait presque plus de succès que le château byzantin derrière, pourtant fort beau.
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