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Citation de Aoussine


Avant-propos N° 1

Sortie du silence disgracieux de l'oubli, ma plume chevaleresque se reprend à vibrer, en ce nouvel envol en pays de mots et de symboles. Sans rature ni faux-semblant, je désire formuler ce transport si vif et si naturel qui m'anime sous tous les contours de sa nudité, sans aucune allusion superfétatoire.

Cet exercice littéraire, plein de noblesse et de grâce, placé sous le double signe de la reconnaissance et de la renaissance me tenait à cœur, car il retrace brièvement un parcours et précise les influences multiples qui sont les siennes, attestant par là même, s'il en était encore besoin, cette vérité antique : Ex nihilo nihil1.

À qui dois-je cet élan nouveau qu'on reconnaît à mon écriture depuis peu, et cette prodigieuse renaissance poétique inespérée qui se fait ici jour, si ce n'est à Josette Neisius, cette muse personnifiée. Sous ses bonnes grâces, je réalise combien la perfection littéraire est moins à rechercher en la science du langage, mais bien plus dans le silence des profondeurs de l’Être… suscitant ainsi la mélodie unique et inimitable que l'Âme susurre à l'âme. En effet, c'est le cas de le dire sans prétention aucune : « je est un autre »2.

Par ailleurs, l'expression de cette gratitude prend tout son sens, d'autant plus que cette poétesse, ici à l'honneur – à travers un chapelet nouveau de ses derniers plus beaux vers – est le vecteur de ce regain d'intérêt renouvelé pour la poésie : Amour de mes amours d'adolescent, que je délaissais peu après au profit de dame philosophie. Et pourtant, le manichéisme n'était point de mise : Logos et Poésie se peuvent supporter mutuellement… étant tous deux les modes d'être d'un seul et unique esprit viril.

Voici qu'en cette heure propice, je reçois de ses mains d'amazone, le flambeau de la Poésie originelle qui se veut avant tout Liberté, car seul un esprit libre est à même de création, d'authenticité! Muni de cette flamme sacrée, il va sans dire que tout poète véritable plane merveilleusement au-dessus de toute écriture artificieuse et de ses propres perspectives : « Maintenant je suis léger, maintenant je vole, […] maintenant un dieu danse en moi »3.

Albert Aoussine


1- Ex nihilo nihil, « rien ne naît de rien ».

2- Quand Rimbaud, dans une lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 s'exclame « je est un autre » il professe une conception originale de la création artistique : le poète ne maîtrise pas ce qui s'exprime en lui, pas plus que le musicien, l'œuvre s'engendre en profondeur… Rimbaud poursuit : « J'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute… »

3- Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra : LIRE ET ÉCRIRE.



Avant-propos N° 2

Nullement habituée à ce style d'écriture, je laisserai la part belle aux émois, à relater naturellement ma rencontre avec Albert Aoussine, impossibilité d'égaler les qualités de rédaction préfacière uniques de ce personnage.

Un univers nous séparait, y compris géographique, distances qu'internet abolit aisément. Très vite m'est apparu un personnage intéressant, curieux, ouvert à tout élément permettant l'évolution intellectuelle ainsi que l'accomplissement, la réalisation de soi. Un échange de « bons procédés » crée d'emblée une complémentarité évoluant en un sentiment sincère, des émotions vraies, souvent incompréhensibles pour autrui. Mais qu'importait puisque nous étions emportés dans un univers de créativité littéraire.

De ma passion poétique d'un jadis… ne demeuraient que de rares textes relégués, passé oublié. Mais c'était sans compter sur l'opiniâtreté, la ténacité d'Albert qui, de par ses encouragements, ses mots beaux, m'amenait à reprendre la plume et à donner libre cours à l'émotion, au ressenti. De sa foi naît Aurore Poétique.

Son potentiel déjà évident lors de notre rencontre, au fur et à mesure de ses avancées, éclata littéralement, ouverture certaine à la vie, affinant considérablement son regard en une objectivité vibrante. Observatrice dans l'ombre, m'apparaissait un soleil d'écriture, regardant évoluer, s'épanouir Albert. Ses écrits se révélaient enfin dans ce qui m'était apparu au fil de nos conversations, confirmant les valeurs réelles de cet écrivain, car incontestablement Albert Aoussine est un grand écrivain, ce que confirmeront plus encore ses livres prochains, déjà en cours d'élaboration.

L'être nouveau apparu, surprenant ses amis de longue date, évolue sereinement, conscient de son cheminement, laborieux parfois, conscient surtout qu'aucune barrière dorénavant ne pourra entraver sa démarche assurée sur le chemin de la vie.

Josette Neisius


MON EXIL

En ces instants de silence

Soleil, vent, pluie

Rythment les langueurs.


Mon retrait à l'universelle folie,

Mon rejet à l'ignorance,

Guident plus encore la progression

A l'impalpable

A l'âme divine

Qu'est chaque homme.


La marche, mon avancée

En cette terre ignorée

Qu'abreuve chaque pas à pas,

M'éloigne de ténébreuses

Ombres qu'éblouit hélas,

Le nouvel éclat.


Aveugles aux couleurs vraies,

Sourds aux chants mélodieux

D'une nature,

D'elle vous n'en percevez

Qu'une complainte sinistre,

Un sanglot sempiternel,

Suppliques d'une mourante.


Terne vous semble mon existence,

Trop calme chaque éveil,

Eternelles et lassantes

Journées que n'agite nul aléa

Vous effraient, vous qu'animent seuls

Le rejet du bonheur,

La fureur de la haine,

La course effrénée aux inutiles vents.



Je chemine sans hâte

Sur l'étendue désertique, silencieuse

D'une contemplative méditation,

Libre d'un passé ennemi

Vous menant au pire désespoir,

Vous égarant plus encore

Dans l'égrènement d'un temps.


Illusoire quête d'une éternité,

L'âme pourtant vous révèle

Sous le linceul blanc

De votre croyance.


Que s'écoule en rides profondes

Le rimmel de votre aveuglement,

Priez à genoux vos effigies,

Vos icônes figées en grimaces,

Martyrs demain vous serez.

Vous scandez la paix

Avides que vous êtes de combats.



Assoiffés de sang

Vous vous égarez encore

En courses perdues,

La pierre de l'ultime lapidation

N'atteignant que votre dérisoire égo!


Et criant à l'injustice

Dans le rôle sublime

De l'innocente victime,

Et qu'importe le bourreau

Heureux vous voilà,

Jouant le mélodrame

De votre misérable vie.


Josette Neisius



UNE VIE DE GRIOT

Sommeil tu t’en vas,
Tu t’en vas loin de moi,
D’un pas léger, fugitif;
Après une nuit d’oubli
En pays nulle part.

Semblable à un mâle félin,
Pour toute prière, au réveil
Je m’étire tout de long,
Et plie ma natte de fortune
A l'épaisseur minimale.
A la belle étoile j’ai dormi
Sans crainte, ni joie
Sans couverture ni draps...
Loin, bien loin de toute bête,
De tout homme.
N'ayant point de toit,
Quel qu’endroit m'échoit,
Fait largement ma fortune.

Moi, griot vagabond.
Moi griot sans fardeau,
Libre de toute contrainte
Seyant ordinairement
A l’homme d’âge mûr.
Je me fais vent quand
Nature vente,
Pluie lorsque pleut l'ondée,
Dur rocher en temps de crise,
Sur lequel vient
Se reposer l'âme en peine.

Je sais tout le merveilleux de la
Littérature négro-africaine orale:
Épopées, chansons, contes et légendes
Comme gouttes d’eau
Dans le grand fleuve.
Je sais l’Afrique profonde
Jusqu’au vertige.
Venez filles et fils du continent,
Il n’est royaume, roi, reine,
Artisan de talent, prince glorieux,
Que je ne connaisse.
Ma mémoire est univers,
Ma parole sagesse,
Mon chant festin,
Mes récits plénitude...
Avec lesquels la génération nouvelle
Tisse sur l’horizon vierge, une
Afrique riche de son patrimoine.

Albert Aoussine


VILLAGE NATAL

Lorsque mes pensées
À mon village me mènent,
Des scènes de vie riches en couleurs,
Animent mon émoi.

Là-bas, sous les tropiques,
Il fait bon vivre en toute saison.
Les espaces sont étendus, vastes,
Et presque toujours chauds.

Les arbres alentours au feuillage touffu,
Y compris de puissants baobabs, servent d'abris
Et de lieux de rencontres
Lorsque le soleil au plus fort, darde ses rayons.

Les cases symétriquement regroupées,
Savamment espacées,
Et triomphalement sorties de terre
Tels des champignons,
Affichent fièrement, leurs coiffes de paille.

Là-bas, au loin, on contemple
Ravi, la savane tempérée
Et la steppe boisée
Immenses espaces verts.

Ici, en ces terres chaudes
La sagesse est de mise;
L'homme en doux maître
Tente d'y vivre d'harmonieuse façon.
Aussi, dès l'aurore,
Au premier chant du coq,
Les villageois s'affairent
Aux multiples occupations.

Les femmes, de leur courage coutumier,
Se lèvent à l'aube naissant,
Vêtues de simples pagnes...
Aux couleurs-toutes-saisons.
Ce sont elles que l'on rencontre
Nombreuses, à chaque carrefour.
Tour à tour, elles se rendent aux puits
À la rivière la plus proche,
Comme à la plus lointaine,
Bravant les collines, le labeur des champs...
Rien ne semble affecter cette joie
Profonde, quoiqu'elles fassent:
Pilant du mil, du blé, ou du sorgho,
En veillant sur l'enfant endormi.
Et combien belles sont-elles,
Lorsque jours de fêtes,
Elles se parent de leurs modestes bijoux,
De leurs plus beaux atours,
Dansant, chantant de céleste voix
Au cours des cérémonies.

Et les hommes, braves et fiers
À force d'épreuves initiatiques,
À la stature moyenne
Et d'un calme olympien,
Veillent activement, attentivement,
Sur toute la société.

Ils assurent la paix, la stabilité
Bâtissent de nouvelles cases,
Créent des emplois tant agricoles
Que d'élevages, que dans l'artisanat.

Et lors de leurs moments de loisirs,
De repos mérité,
Ils consomment des vins locaux,
Du sésame, ou des dattes,
Assis sur des nattes
Tissées par leur soin.

Enfants et anciens, quant à eux,
Assistent à distance
À ces évènements.
Les premiers sont ainsi initiés de manière ludique,
Les seconds, pèsent de tout leur poids
En tant q
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