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Citation de Woland


Woland
13 septembre 2012
[...] ... Donc, Fonseca n'aurait pas su dire, lui non plus, s'il avait attendu un court moment ou pendant un temps prolongé. Il lui semblait pourtant que son attente avait été plutôt longue. Mais il finit par perdre aussi le sentiment de cette durée ; le temps s'emplissait des choses dont il se composait ; or, il se composait de pensées, et l'essence de ces pensées , comme des pensées en général, était aussi indéfinissable que le temps lui-même. C'est peut-être cela qui fait les véritables pensées. Un prisonnier dans sa cellule ou un saint dans sa grotte ne considère plus son bonheur ou son malheur ; il finit par ne plus observer que les oscillations de la grâce : la grâce, versée d'en haut, lui fait supporter l'existence ou, se retirant de lui, le laisse dépouillé de tout. De même, il ne pouvait plus que penser, ou sentir les pensées lui échapper.

Mais qu'étaient ces pensées ? Il l'ignorait. Il eut un sursaut mais fut incapable de se rappeler ce qu'il venait de penser. Il retomba dans une sorte de demi-inconscience ; d'autres idées, plus palpables, lui venaient à l'esprit. Il revoyait sa journée, cette curieuse journée qu'il venait de vivre et la série de hasards heureux qu'il avait connus dès le matin. Il se demanda un moment si c'était bien par l'effet d'un pareil coup de la fortune qu'il était venu là et s'il n'avait pas eu toute cette chance que pour se laisser entraîner plus facilement jusqu'ici. Il ne comprenait plus du tout pourquoi il était entré dans cette maison ; car, en somme, comment cet homme rencontré dans l'ancien appartement de Mme von Malowetz avait-il pu lui indiquer sa nouvelle adresse ? Comment pouvait-il même savoir que c'était elle qui avait habité les pièces que l'on était en train d'aménager pour quelqu'un d'autre ? Après tout, cela ne regardait nullement l'ouvrier, comment aurait-il donc pu le savoir ? Il tenta de se représenter l'individu : un homme plutôt râblé, un peu plus petit que Fonseca lui-même, il ne se souvenait de rien d'autre ; il éprouva d'ailleurs soudain une incroyable difficulté à concentrer ses pensées sur un objet précis. Etait-ce le son du piano qui se faisait toujours entendre et qui l'emplissait de torpeur ? Ce son gagnait en intensité, s'enflait, et, d'un coup, atteignit une telle puissance qu'il lui semblait que c'était à côté de lui qu'on jouait et qu'il en fut anéanti ...



Cela se passait un mercredi, entre six heures et demie et sept heures du soir. Le vendredi, le frère de Fonseca se rendit chez le colonel Rochonville et l'informa que Fonseca avait disparu. ... [...]
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